« Il y a un anti-américanisme systématique dans la classe politique française »
Invité de ce premier «Talk stratégique», le directeur de l'Ifri Thomas Gomart analyse les projets de politique étrangère proposés par les candidats à l'élection présidentielle. Il publie avec Thierry de Montbrial "Notre intérêt national" chez Odile Jacob et évoque la manière dont sont traitées les questions internationales dans la campagne électorale.
FIGARO.- La France a-t-elle eu tort, comme le dit l'opposition, d'autoriser le ministre des Affaires étrangères turc à participer dimanche à un meeting électoral à Metz ?
Dans ce type d'affaire, il faut toujours, avant d'agir, envisager la réciproque. Serait-il envisageable que des ministres français participent à une réunion électorale en Turquie ? Probablement pas. Le manque d'unité européenne sur une question de cette importance est très frappant.
Les questions internationales semblent absentes de la campagne électorale...
On ne gagne pas une élection en France sur les sujets de politique étrangère. Un dossier aussi crucial que celui de l'Europe a été mis sous le tapis. Les relations avec les États-Unis ou la Russie ne sont abordées que de manière périphérique. Or la communauté internationale attend une position forte et construite de la part de la France. Les candidats ne répondent pas à cette demande. Mais il y aura forcément un réveil le 8 mai au matin, quand la réalité et les engagements internationaux de la France s'imposeront au nouveau président de la République.
La France a été éjectée du dossier syrien. Les candidats ont-ils des propositions pour réintégrer le jeu diplomatique ?
Le voudraient-ils, je ne suis pas certain qu'ils y parviendraient. La succession d'erreurs de la diplomatie française a conduit à une marginalisation de notre pays dans ce dossier, illustrée par la négociation d'Astana, qui a été lancée sous l'égide de la Russie.
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