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Guerre en Ukraine : sur les réseaux sociaux, ces comptes en français qui relaient la propagande du Kremlin

Interventions médiatiques |

cité par William Audureau et Samuel Laurent pour

  Le Monde
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Trolls anonymes, leaders complotistes ou comptes diplomatiques : depuis le début de l’invasion, une armée de voix défend coûte que coûte un contre-récit diabolisant l’Ukraine et glorifiant Vladimir Poutine.

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Non sans dérision, il se présente comme un « poutinolâtre modéré ». Son pseudonyme Twitter, « Troll Russe », n’est guère ironique : il a publié plus de 11 000 tweets depuis son apparition fin février, récitant les mantras du Kremlin : l’Ukraine bombarderait son propre peuple, l’OTAN menacerait la Russie, les Ukrainiens seraient des nazis, etc. Son premier post, « Le Z », référence à la lettre par laquelle se reconnaissent des unités russes en Ukraine, ressemble presque à une signature : s’il est au service d’un pays, c’est celui des tsars.

Comme lui, des centaines de comptes en français se sont engagés depuis le début de la guerre en Ukraine dans le relais de la doxa du Kremlin. S’il est dur de prouver qu’ils sont pilotés par la Russie, ils en reprennent fidèlement les arguments. Et piochent allègrement dans les visuels et vidéos de propagande des groupes russophiles du réseau Telegram, cœur névralgique de la communication russe, pour mieux les diffuser. De TikTok à Facebook en passant par LinkedIn et YouTube, aucune plate-forme n’est épargnée.

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« Instiller en permanence le doute »

L’idée est martelée sous toutes les formes, de drapeaux ukrainiens redécorés avec une croix gammée à des vidéos « spontanées » de soldats russes tombant sur un drapeau nazi dans le salon d’une maison ukrainienne. Eux diraient la vérité. Ces comptes poutinophiles appuient sur les exemples de désinformation pro-Kiev, comme la rumeur selon laquelle le mémorial juif de Babi Yar aurait été détruit, ce qui s’est avéré erroné. Ils recourent aussi à des sites de vérification lancés par Moscou pour l’occasion, comme War on Fakes.

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Tout est bon pour faire passer des photos de guerre pour des mises en scène, d’un appareil de chantier ajouté à l’ordinateur en passant par une archive Instagram présentant comme une actrice une femme enceinte en état de choc. L’un des comptes pro-Russie, « Stern », 3 000 abonnés, va jusqu’à présenter les scènes de dévastation à Marioupol comme un film, avec son « script ».

« Les astuces logiques, l’inversion de la cause et la conséquence, la manipulation des intentions, tout cela ça a été théorisé par l’armée russe pour tromper et même reformater l’adversaire », convient Dimitri Minic, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et spécialiste de la pensée stratégique russe.

Mais ce n’est pas systématique. Derrière ces faux « farfelus et grossiers », il invite à voir aussi « une transparence dans leurs inquiétudes », fussent-elles déconnectées de la réalité : les élites russes se distinguent par leur propre porosité aux théories du complot, souligne le chercheur.

 
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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri