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Guerre en Ukraine : « Malgré la nouvelle doctrine russe, le risque d'emploi de l’arme nucléaire n'est pas plus élevé qu'avant »

Interventions médiatiques |

interviewée par Amaury Coutansais-Pervinquière pour

  Le Figaro
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Vladimir Poutine a présenté ce mercredi une révision de la doctrine nucléaire russe, mais «ce processus n’a pas de corrélation directe avec l'offensive ukrainienne à Koursk», précise Héloïse Fayet, chercheuse à l'Ifri.

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Des soldats des forces militaires russes se tenant sur fond de systèmes de missiles stratégiques "Yars" et de véhicules blindés pendant la répétition du défilé de la Victoire (avril 2022)
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LE FIGARO - Vladimir Poutine a annoncé hier la révision de la doctrine nucléaire russe. Quels sont les principaux changements à retenir ?

Héloïse FAYET - Cette version orale de la doctrine devra être rédigée, puis publiée par décret présidentiel, comme la précédente en 2020. Certaines modifications pourraient donc y être apportées. La doctrine présente trois évolutions principales. D’abord, la clarification des liens entre la Biélorussie et la Russie. Désormais, toute attaque contre la Biélorussie sera considérée comme une attaque contre la Russie. Ensuite, l’attaque d’un État non-nucléaire contre la Russie avec le soutien d’une puissance nucléaire serait considérée comme une attaque commune pouvant susciter une réponse contre l’État nucléaire. 

Enfin, une attaque aérienne de grande ampleur contre le territoire russe pourrait susciter une riposte nucléaire russe. Les conditions d’emploi du nucléaire sont donc plus larges, mais aussi plus précises qu’avant.

« L'agression de la Russie par tout État nucléaire, mais soutenu par un État nucléaire, sera considérée comme une attaque contre la Russie » . Cette phrase vise directement les soutiens de l'Ukraine. Pourquoi ?

Les États dotés de l’armée nucléaire se sont engagés officiellement, bien que de façon non contraignante (par le traité de non-prolifération des armes nucléaires de 1968, NDLR), à ne pas attaquer avec des armes nucléaires un État non doté. Avec cette modification, la Russie  se donne la possibilité de riposter directement contre l’Ukraine ou un État qui la soutient en cas d’une attaque contre la Russie. Cependant, le processus de révision de la doctrine nucléaire russe a été long. Il n’a donc pas de corrélation directe avec l’offensive ukrainienne à Koursk.

Une menace « critique contre la souveraineté russe, même conventionnelle, constituera la base d'une réponse nucléaire ». Que traduit cette phrase de la dissuasion nucléaire russe ?

La formulation existait déjà. Il s’agit d’une atteinte à l’intégrité de l’État, avec des interprétations qui peuvent varier. Cette formule classique peut être retrouvée dans la formulation de la doctrine nucléaire française sur les «intérêts vitaux de la Nation». Cette qualification «d’atteinte à la souveraineté» est plus ambiguë car il est difficile de la qualifier. Mais on peut la voir comme une attaque conventionnelle de grande ampleur ou une tentative de déstabilisation de l’État qui amène à une désintégration de l’État russe. Ce n’est pas lié à une conquête territoriale, comme celle dans l’oblast de Koursk par les Ukrainiens, mais plutôt une invasion du territoire russe avec un soutien de l’Otan qui a priori n’arrivera pas, tout comme une invasion du territoire de l’Otan par la Russie.

Lire la suite de l'entretien sur le site du Figaro (accès réservé aux abonnés).


 
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Amaury Coutansais-Pervinquière

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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

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Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri

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Le Figaro Magazine