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Guerre en Ukraine : la théorie de la mise en scène, l’argument très stratégique des prorusses

Interventions médiatiques |

cité par William Audureau dans

  Le Monde
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Des Ukrainiens prétendument maquillés en blessés pour les photos, des massacres qui seraient des scènes pour le cinéma, un président filmé sur fond vert… La propagande du Kremlin use de toutes les ficelles pour nier les images jugées gênantes.

A croire ceux qui relaient ces rumeurs, rien ne serait vrai. La femme au visage tuméfié, qui fait la « une » du quotidien Libération du 11 octobre ? Une figurante, maquillée pour la photo. Les allocutions de Volodymyr Zelensky ? Des séquences tournées en studio, sur un fond vert. Quant aux vidéos présentant les soldats russes comme des agresseurs, ce serait du cinéma hollywoodien, dans des scènes tournées par le réalisateur américain Sean Penn, croient savoir les plus conspirationnistes.

Contenu intervention médiatique

Depuis le début de l’invasion en Ukraine, le Kremlin et ses relais dans la complosphère francophone contestent l’authenticité des images qui les embarrassent, comme si Kiev était à l’origine d’une gigantesque opération de trucage de la réalité.

A chaque fois, cette thèse s’appuie sur des documents sortis de leur contexte. Une vidéo a ainsi été partagée cet automne afin de prouver que les supposés massacres en Ukraine sont fictifs. On y voit en effet un des « cadavres » allongés sous des bâches soulever fugacement le bras. En réalité, il s’agit d’un happening pour alerter des risques du changement climatique, filmé par la télévision autrichienne. L’extrait avait déjà été détourné par la complosphère pour dénoncer les supposés faux morts du Covid-19 début 2022.

[...]

Une stratégie de « désensibilisation »

« Ce type d’intox est produit dans le cadre de la stratégie de l’agresseur, nommée en anglais Darvo [acronyme de “deny, attack and reverse victim and offender”], pour attaquer et décrédibiliser les victimes de violences », expliquait en avril au Monde Stephanie Lamy, autrice d’Agora toxica, la société incivile à l’ère d’Internet (Editions du détour, 2022).

Ce qui peut passer pour des gesticulations grotesques et indignes répond à une véritable stratégie. 

« L’utilisation de faux et du mensonge a été pensée, estime Dimitri Minic, chercheur à l’Institut français des relations internationales et spécialiste de la culture stratégique russe. Les astuces logiques, l’inversion de la cause et de la conséquence, la manipulation des intentions, tout cela a été théorisé par l’armée russe pour tromper et même reformater l’adversaire au cours de la confrontation psychologico-informationnelle. »

La désinformation russe ne rend pas la guerre irréelle, mais cherche à rendre les victimes ukrainiennes moins crédibles pour l’opinion publique internationale. « C’est une manière de couper toute possibilité d’identification ou d’empathie, un processus de déshumanisation, voire de désensibilisation, analyse Marie Peltier, autrice d’Obsession. Dans les coulisses du récit complotiste (éditions Inculte, 2018). Le but est de nous empêcher d’être touchés par ce qui se passe. » 

 

> Retrouvez l'intégralité de l'article dans Le Monde

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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri

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