Guerre en Ukraine : faut-il avoir peur du nouveau missile Sarmat testé par la Russie ?
Surnommé « Satan 2 » par l'Otan, le dernier né des missiles balistiques russes devrait bientôt être opérationnel. Il est présenté par le président Vladimir Poutine comme étant unique au monde, sans limites en matière de portée.
Vladimir Poutine continue d'étoffer son arsenal militaire. Mercredi, le président russe a salué le succès du premier tir d'essai de son dernier missile balistique intercontinental, baptisé Sarmat. Une arme « invincible », selon le Kremlin, qui symbolise la modernisation de son arsenal nucléaire. Et qui suscite l'inquiétude côté occidental. Explications.
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En quoi le missile Sarmat est-il différent des autres ?
Le RS-28 Sarmart, de son nom complet, est un missile balistique intercontinental avancé de cinquième génération, développé à partir de 2009 par le Bureau d'études Makeyev. Il porte le nom d'un peuple nomade ayant vécu pendant l'Antiquité autour de la mer Noire, entre la Russie et l'Ukraine actuelles.
Sarmat se veut plus performant que son prédécesseur, le R-36 Voïevoda - rebaptisé « Satan » par les experts de l'Otan -, d'une portée de 11.000 km. Logiquement surnommé « Satan 2 », Sarmat n'a « pratiquement pas de limites en matière de portée » et est capable de « viser des cibles en traversant le pôle Nord comme le pôle Sud », se vantait Vladimir Poutine en 2019.
La dangerosité de Sarmat 2 repose surtout dans sa capacité à déjouer tous les systèmes antiaériens modernes. Ce qui en fait une arme « sans équivalent » à ce jour, selon le président russe. Cette caractéristique est d'autant plus inquiétante que ce missile de plus de 200 tonnes est capable d'embarquer 10 ogives nucléaires. « Le RS-28 Sarmart ne peut pas détruire toute vie sur Terre », expliquait en mars dernier à l'AFP Guy Martin, spécialiste de la défense et de la sécurité. Mais il pourrait réduire à néant un petit pays, selon lui. Les médias russes affirment, eux, que « Satan 2 » est capable de détruire un territoire de la taille du Texas ou… de la France.
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Qu'en pensent les Occidentaux ?
A ce stade, et comme pour tout arsenal nucléaire, cela reste de la dissuasion. Mais en saluant le succès du tir d'essai de Sarmat mercredi, Vladimir Poutine a adressé une mise en garde aux Occidentaux : « C'est véritablement une arme unique qui va renforcer le potentiel militaire de nos forces armées, qui assurera la sécurité de la Russie face aux menaces extérieures, et qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer notre pays avec une rhétorique déchaînée et agressive. »
Les Etats-Unis ont minimisé l'événement. D'après le Pentagone, il s'agissait d'un essai de « routine » qui ne constituait « pas une menace » pour les Etats-Unis ni leurs alliés. Moscou avait « convenablement informé » Washington de la réalisation du test, conformément à ses obligations relevant des traités sur le nucléaire, et il ne s'agissait donc pas d'une « surprise » pour le ministère américain de la Défense, a ajouté son porte-parole, John Kirby.
L'inquiétude face à cette escalade en matière d'armement russe est néanmoins réelle dans le camp occidental. Surtout depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine .
« Les investissements massifs et soutenus de la Russie dans la modernisation de son arsenal nucléaire questionnent le concept de stabilité stratégique »,
écrivait Pavel Baev, professeur à l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo et chercheur associé à l'Ifri, dans une note publiée en 2019.
« La volonté de Moscou d'exploiter à des fins politiques ses avantages réels et supposés en matière de capacités nucléaires représente une menace sérieuse pour ses voisins européens », prévenait-il.
Média
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