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Guerre de haute intensité : quelle place pour les forces spéciales ?

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invité de l'émission Le Temps du débat sur

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Les Forces Spéciales travaillent depuis trois décennies dans la lutte contre le terrorisme, le renseignement et la formation d’armées. Or pour la première fois depuis 1945, la guerre de haute intensité est de retour en Europe. Dès lors, comment adapter leurs compétences à ce type de conflits ?

Contenu intervention médiatique

Avec :

  • Élie Tenenbaum Historien, spécialiste de sécurité internationale et de l’histoire des relations internationales
  • Christophe Bertrand Lieutenant-colonel, conservateur du département contemporain Musée de l'Armée
  • Jean-Dominique Merchet Journaliste à L'Opinion, spécialiste des questions militaires et stratégiques et auteur du blog "Secret Défense"

Comment a évolué le rôle des forces spéciales depuis la Seconde guerre mondiale ?

Les forces spéciales sont nées durant la Seconde guerre mondiale. Le Royaume-Uni, qui avait battu en retraite à Dunkerque, souhaitait poursuivre la lutte contre l’Allemagne sur le continent européen sans y déployer directement une armée de masse. Elle a alors eu recours au Special Operation Executive, crée en 1940 et dissous en 1946, un service secret britannique qui avait pour mission de soutenir les différents mouvements de résistance dans les différents pays occupés par l’Allemagne nazie. Toujours pensées comme des unités de guérilla contre la puissance soviétique, les forces spéciales se sont ensuite transformées en unités de contre-guérilla lors de la période de décolonisation. Elles ont conservé ce rôle après la guerre froide, période durant laquelle elle se sont concentrées sur la lutte anti-terroriste, devenant ainsi des unités commandos visant à éliminer des cibles à haute valeur ajoutée, comme Oussama Ben Laden, tué par un raid des forces spéciales américaines au Pakistan en 2011.

Quel est le lien entre l’exécutif et les forces spéciales ?

On constate un écrasement des niveaux de décision entre le Président de la République et les forces spéciales, dont il peut décider directement des missions. Ce besoin d’autorité directe s’explique notamment par la sensibilité des tâches qui sont confiées à ces unités dont l’action doit s’avérer particulièrement discrète, notamment lorsqu’elles sont réalisées en dehors de théâtres de guerre déclarés.

Pouvez vous décrire les types d’opérations que conduisent les forces spéciales dans le cadre d’un conflit de haute intensité ?  

Les forces spéciales sont par exemple présentes en Ukraine. Elles ont été crées en 2014 et entraînées par les occidentaux. Elles s’étaient préparées au scénario d’une occupation totale du pays par la Russie. Il existe trois principaux types d’opérations : les actions directes, comme des sabotages, à l’image de la destruction du pont de Kertch entre la péninsule de Crimée et la Russie continentale que l’on attribue aux forces spéciales ukrainiennes, du renseignement dans la profondeur, pour guider les frappes d’artillerie par exemple, et des actions directes sur l’environnement, pour soutenir des mouvements locaux de guérilla.

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Élie TENENBAUM

Élie TENENBAUM

Intitulé du poste

Directeur du Centre des études de sécurité de l'Ifri