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Gaz russe : est-ce vraiment utile de baisser le chauffage pour aider l'Ukraine ?

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citée par Florent Vairet dans

  Les Echos
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DECRYPTAGE // La formule peut paraître réductrice mais si l'on considère que le gaz et le pétrole constituent les principaux revenus de la Russie, prononcer un embargo contre ces produits énergétiques pourrait contribuer à stopper la guerre et Vladimir Poutine. Pour cela, il faut être capable de réduire notre consommation… OK, mais dans quels domaines ?

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Ça y est, les Etats-Unis ont décrété dans la nuit du 8 mars l'embargo sur le pétrole russe. Une décision qui pourrait faire date dans le conflit, même si le pays n'importe que 8 % de son gaz de Russie. Quid de l'Europe ? Sur le Vieux continent, la situation est tout autre, avec une plus grande dépendance. Au total, 30 % des importations de pétrole proviennent de la Russie. Surtout, un embargo par les pays européens sur l'or noir pourrait pousser Vladimir Poutine à arrêter ses exportations (89,3 milliards d'euros en 2021) et à couper le robinet du gaz. La difficulté serait alors tout autre : le pays fournit 40 % des besoins gaziers des Européens !

En France, seuls 17 % de notre consommation provient de la Russie. Un chiffre qui reste conséquent. Que ferions-nous alors en cas de rupture d'approvisionnement ? Certains diraient qu'il ne sert à rien de penser à l'improbable, arguant que la Russie a autant besoin que nous que le commerce du gaz continue. Néanmoins, ce conflit nous a appris que toutes les éventualités doivent être sur la table (rappelez-vous, on pensait l'invasion de l'Ukraine impossible).

Même Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, envisage désormais ce scénario de l'extrême : « Je prépare le scénario de la coupure totale, des prix qui augmentent… Il y a des incertitudes liées aux contre-sanctions qui seront décidées et que nous ne connaissons pas », a-t-il expliqué sur RMC/BFM TV.

Le pétrole, ça devrait être OK

Le pétrole russe ne concentre à ce jour que peu d'inquiétude.

Selon Carole Mathieu, chercheuse au Centre Énergie de l'Institut français des relations internationales (Ifri), « les importations de pétrole russe peuvent être compensées. En cas de rupture d'approvisionnement, on peut espérer, a priori, une réaction de la part de l'Opep (dont font entre autres partie l'Arabie saoudite, le Koweït, l'Angola ou l'Algérie, NDLR) qui jusqu'ici n'a pas souhaité augmenter la production. »

Pour le gaz, on ne pourra pas compenser les importations russes

« L'Europe pourrait venir à manquer de gaz l'hiver prochain », a souligné la directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor, ce lundi 7 mars sur France Inter. La patronne du géant énergéticien précise qu'avec l'hiver 2022 touchant à sa fin, les Français auront sans problème de quoi se chauffer dans les prochaines semaines.

Si jusqu'à novembre prochain, les risques sont écartés, quid de l'après ? Remplacer le gaz russe ne sera pas aussi facile que le pétrole. Une raison simple : les infrastructures. L'approvisionnement passe par des installations rigides, les gazoducs, et il est impossible d'en construire rapidement de nouveaux vers l'Algérie ou l'Azerbaïdjan.

« On peut renforcer les livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) par bateau mais les capacités des ports français sont limitées », pointe Carole Mathieu. L'Hexagone dispose de quatre terminaux méthaniers pouvant accueillir les cargos transportant le GNL. « La France devra renforcer les livraisons venant des Etats-Unis et du Qatar », ajoute l'experte de l'Ifri.

Mais une chose est claire : « malgré ces approvisionnements de substitution, on ne pourra pas compenser les importations russes », affirme Carole Mathieu.

Mais au fait, à quoi ça sert le gaz en France ?

Puisqu'il se pourrait qu'on vienne à manquer de gaz l'hiver prochain, il va falloir trouver des solutions. Avant de rentrer dans le détail de ces dernières, identifions d'abord les domaines qui pourraient être impactés. En France, la répartition se fait comme suit :

Le gaz est majoritairement utilisé par les particuliers et entreprises, pour le chauffage ou dans les procédés industriels. Moins de 9 % du gaz est consacré à la production d'électricité.

Alors que pouvons-nous faire individuellement avant une éventuelle coupure ?

Bruno Le Maire a appelé tous les Français « à faire un effort ». Que faire ? On pourrait remplacer nos chauffages au gaz par des pompes à chaleur fonctionnant à l'électricité, ou rénover nos logements pour gagner en efficacité énergétique. Hélas, tous ces changements ne peuvent intervenir en quelques jours. Cependant, à court terme, d'autres solutions existent (même si elles ne sont pas la panacée).

Il faut savoir que 42 % des foyers français se chauffent au gaz. Une des pistes envisagées est donc de baisser la température à l'intérieur des logements. Pour quels résultats ? D'après l'Agence internationale pour l'énergie, chaque degré en moins, c'est 10 milliards de mètres cubes de gaz économisé, soit l'équivalent de 12 à 15 méthaniers.

Cette mesure économe ne concerne pas que les foyers alimentés au gaz mais aussi ceux dotés de chauffages électriques. Comme on l'a vu plus haut, (seuls) 6 % de la production d'électricité française est assurée par le gaz.

L'impact serait donc faible mais non négligeable, « surtout dans un contexte où le parc nucléaire français souffre de problèmes de disponibilité… ces économies permettraient de soulager le système », ajoute Carole Mathieu.

Selon l'ONG négaWatt, ces efforts ne suffiront pas. Une baisse d'un degré permettrait d'économiser seulement 11 % des importations de gaz russe. Pas de quoi s'émanciper du géant Russe.

 

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 > Lire l'article intégral sur le site du journal Les Echos

 

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Carole MATHIEU

Intitulé du poste

Ancienne Responsable des politiques européennes au Centre Énergie et Climat de l'Ifri

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