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Frappes en Syrie: « Il ne faut pas surestimer la portée diplomatique des frappes pour la Russie »

Interventions médiatiques |

interviewé par Hélène SERGENT pour

  20 Minutes
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Julien Nocetti, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri) revient sur les déclarations de Vladimir Poutine pour qui de nouvelles frappes occidentales contre la Syrie provoqueraient « le chaos » dans les relations internationales…

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« Si de telles actions, menées en violation de la Charte des Nations unies, venaient à se reproduire, cela provoquerait inévitablement le chaos dans les relations internationales ». Deux jours après les frappes menées en Syrie par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, Vladimir Poutine leur a adressé un sérieux avertissement. Principal allié de Bachar al-Assad dans le conflit syrien, le président russe a fermement condamné les attaques de la coalition militaire.

Une semaine après l’attaque chimique présumée du 7 avril dans la ville syrienne alors rebelle de Douma, imputée aux forces gouvernementales, les relations diplomatiques entre la Russie et les autres membres du conseil de Sécurité de l’ONU se sont considérablement tendues. Quel impact cette décision militaire unilatérale peut-elle avoir sur l’échiquier international ? Pour Julien Nocetti, l’affaiblissement de la Russie à travers ces frappes doit être nuancé.

Ce nouvel épisode diplomatique fragilise-t-il la Russie sur le plan international ?

Il faut nuancer cet affaiblissement. Malgré les propos très durs tenus par ses dirigeants ces dernières heures, la Russie n’a pas utilisé ses moyens militaires pour contrer ces frappes. Elle avait pourtant les moyens techniques de le faire, notamment via sa défense antimissiles. En réalité, Moscou a une lecture plutôt « hautaine » de ces frappes qu'elle considère comme un baroud d’honneur des Occidentaux après l’acte manqué de septembre 2013 et la fameuse « ligne rouge » avancée par Barack Obama qui n’a abouti à rien.

Le Kremlin est convaincu qu’il s’agit ici d’un one shot et qu’Américains, Français et Britanniques n’iront pas plus loin. Ensuite, d’un point de vue du narratif et de la propagande, ces actions vont resserrer les troupes pro-Bachar et pro-Russes. On va immanquablement assister à une exploitation massive de l'impérialisme occidental dans le débat public et médiatique qui joue sur plusieurs registres : le spectre de l’invasion irakienne de 2003, la collusion supposée des Occidentaux avec l’islamisme sunnite, et plus largement la question des alliances.

Peut-on s’attendre à une « riposte » (militaire ou diplomatique) comme l’a laissé entendre l’ambassadeur russe aux Etats-Unis ? Si oui, de quel type ?

S’il y a une riposte militaire, il n’est pas certain qu’elle passe directement par la Russie mais plutôt par l’Iran ou par le Hezbollah, alliés eux-aussi du gouvernement syrien. D’autant que depuis plusieurs mois, la Russie tente d’esquisser une solution diplomatique en Syrie, comme on l’a vu lors du processus de négociations d'Astana et de Sotchi. On peut en revanche imaginer des sanctions visant divers secteurs économiques européens.

L’autre enjeu pour la Russie concerne son équipement militaire. Plusieurs responsables russes ont annoncé l’échec des frappes occidentales grâce aux défenses antimissiles implantées en Syrie. Ces allégations ont depuis été démenties par l’état-major de l’armée française. Or ces systèmes servent aujourd’hui de vitrine pour l’armement russe. Vladimir Poutine est actuellement en pleine négociation pour vendre ces systèmes sophistiqués et très sensibles à différents pays dont la Turquie et l’Arabie Saoudite. Il s’agit pour les Russes de ne pas décrédibiliser cet équipement militaire.

Assiste-t-on à un durcissement des relations entre la Russie et les autres puissances occidentales ?

Il ne faut pas surestimer la portée diplomatique des frappes. Depuis l’affaire Skripal [du nom de l’ex-espion russe empoisonné à Londres], le discours de la Russie vis-à-vis des Etats-Unis et du Royaume-Uni est extrêmement virulent. La position de Paris est, elle, plus modérée et il y a une volonté de la France de jouer le médiateur entre « l’Occident » et la Russie dans le conflit syrien. Globalement, la marge de manœuvre d’Emmanuel Macron reste assez faible y compris par rapport à Washington.

 

Retrouver l'entretien sur le site de 20 Minutes

 

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Julien NOCETTI

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