Rechercher sur Ifri.org

À propos de l'Ifri

Recherches fréquentes

Suggestions

France - Royaume-Uni : un renforcement des mesures migratoires, mais pas de solution durable

Interventions médiatiques |

cité par William Gazeau dans

  La Croix
Accroche

Les ministres de l’intérieur français et britannique ont annoncé un renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine, mardi 20 juillet. La veille, au moins 430 migrants avaient traversé la Manche pour rejoindre le Royaume-Uni, un nouveau record journalier.

Contenu intervention médiatique

► Quelles nouvelles mesures ont été annoncées par les ministres de l’Intérieur français et britannique ?

Après qu’au moins 430 migrants ont traversé la Manche lundi 19 juillet pour rejoindre clandestinement les côtes du Royaume-Uni, un record en une journée, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et son homologue britannique Priti Patel n’ont pas tardé à réagir.

Les deux ministres ont annoncé un renforcement des mesures pour lutter contre l’immigration clandestine. Le Royaume-Uni s’est engagé à débloquer 62,7 millions d’euros pour aider les autorités françaises à assurer la sécurité de la frontière. Cette somme servira notamment à doubler les effectifs policiers sur les côtes françaises et à mieux surveiller la frontière.

► Quelles règles régissent la relation migratoire entre la France et le Royaume-Uni ?

La question migratoire entre la France et le Royaume-Uni est encadrée par le traité du Touquet. Ces accords bilatéraux en vigueur depuis 2004 instaurent une coopération transfrontalière. « Les accords du Touquet prévoient un déplacement de la frontière britannique sur le sol français », indique Matthieu Tardis chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et spécialiste des migrations. Des contrôles sont réalisés dans les villes de départ françaises comme Calais ou Boulogne-sur-Mer. En vertu de ce décret, Paris ne peut pas légalement laisser les migrants traverser la Manche.

En 2018, le traité du Touquet a été complété par le traité de Sandhurst. Le Royaume-Uni avait accepté de verser la somme d’environ 50 millions d’euros pour renforcer la protection et la surveillance des côtes françaises. Theresa May s’était engagée parallèlement à traiter plus rapidement les dossiers des migrants éligibles à une entrée légale sur le sol britannique, comme les mineurs isolés ou les demandeurs d’asile.

Le Brexit a également bouleversé la relation migratoire entre les deux pays. En sortant de l’Union européenne, le Royaume-Uni n’est plus soumis au règlement de Dublin, qui permet de définir quel pays doit instruire une demande d’asile au sein de l’espace communautaire. « Le regroupement familial est un principe important du règlement de Dublin, explique le chercheur. Le Royaume-Uni n’est plus obligé d’accepter des individus cherchant à rejoindre leur famille déjà immigrée. »

► Pourquoi la question migratoire est-elle source de tension ?

« L’immigration et le droit d’asile sont les deux grands absents du traité sur le Brexit », regrette Agathe Battistoni, responsable plaidoyer de l’ONG Safe Passage France. Aucun accord n’a remplacé le règlement de Dublin pour le Royaume-Uni. « Les migrants sont contraints d’entrer illégalement sur le territoire britannique car les voies légales ont été réduites », poursuit l’activiste.

Autre source de tension : l’externalisation du contrôle de la frontière, délégué par le Royaume-Uni aux autorités françaises. Les personnes qui se voient refuser l’accès au territoire anglais restent en France, ce qui accroît la pression migratoire sur le pays. « Une situation problématique car les migrants arrivés à Calais souhaitent rejoindre le Royaume-Uni coûte que coûte », précise Agathe Battistoni.

La politique migratoire britannique est également plus stricte que son équivalent français. « La durée de détention dans les centres administratifs est illimitée », illustre Matthieu Tardis. Elle pourrait devenir encore plus restrictive. Les députés britanniques examinent cette semaine un projet de loi de réforme du système d’asile. Il prévoit notamment de traiter différemment les candidats selon qu’ils sont arrivés dans le pays légalement ou non. Pour Agathe Battistoni, « ce système à deux niveaux va encore détériorer la situation des migrants ».

Lire l'article sur le site de La Croix

Decoration

Média

Partager

Decoration
Auteurs
Photo
p1070277.jpg

Matthieu TARDIS

Intitulé du poste

Ancien responsable du Centre migrations et citoyennetés de l'Ifri