France, qu’as-tu fait de ta santé ?
Retards dans les tests, équipements et organisation... À force de considérer la santé comme une dépense et non un investissement, la France s’est bien moins préparée que l’Allemagne pour gérer la crise du Covid-19.
C'est devenu un rituel depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19. Chaque soir à 20 heures, des centaines de milliers de Français ouvrent leur fenêtre et rendent un vibrant hommage à un personnel de santé sévèrement mis à l’épreuve, qui a payé un lourd tribut faute des moyens — masques, lunettes de protection, surblouses et gel — qui auraient dû leur être alloués en temps et en heure. Une demi-heure plus tôt, Jérôme Salo mon, le directeur général de la santé, a égrené les chiffres montrant que la France a évité le pire, un engorge ment des services d’urgence, en jon glant avec les lits de réanimation sur le territoire et dans les pays voisins. Mais les explications du directeur général de la santé laissent aussi un goût amer, d’inachevé : comment se fait-il qu’avec moins de personnes infectées qu’en Allemagne — 105155 contre 130450 au 16 avril selon l’Or ganisation mondiale de la santé (OMS) —, la France ait un taux de guérison deux fois moindre et une mor talité 4,5 fois plus importante ?
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« Elle a pris les devants bien avant la France qui, jusqu’en début mars, était centrée sur des questions de politique intérieure et les élections municipales, considère Hans Stark, conseiller pour les relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales (Ifri) et professeur de civilisation allemande à Sorbonne Université. Sa proximité commerciale avec la Chine lui a aussi permis d’être au courant des premiers signalements venant de Wuhan. »
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« Grâce à un soutien financier important qui date de l’époque où Horst Seehofer, l’actuel ministre de l’Intérieur, était ministre de la Santé, dans les années 1990, l’Institut a été très actif dans la politique de dépistage, la prise en charge des médicaments et la mise au point d’un futur vaccin », explique Hans Stark.
[...] L’organisation joue aussi :
« Le système de santé allemand est décentralisé, ce qui lui permet d’être autonome par rapport à l’État fédéral, constate Hans Stark. Conséquence, l’Allemagne, qui a pourtant une population à risque plus nombreuse en raison d’un âge moyen plus élevé, a mieux su gérer la crise que la France, l’Italie ou l’Espagne. Et ce, grâce à une couverture importante en termes d’hôpitaux. »
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>> Voir l'article paru dans Valeurs actelles, n°4352-Version Papier du 23 au 29 avril 2020, p. 40-43. <<
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