France : à Calais, les conditions de vie dramatiques ne freinent pas les candidats à l'exil
Philippe Demeestère, aumônier du Secours catholique, 72 ans, et deux militants associatifs, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, sont en grève de la faim depuis 23 jours. Ils dénoncent les conditions de vie des migrants et demandent l'arrêt des expulsions pendant la trêve hivernale. À Calais, la situation se détériore. Les candidats à l'exil pour le Royaume-Uni sont toujours plus nombreux. Retour sur une impasse politique et humanitaire.
Ils viennent du Soudan, de l'Erythrée, d'Afghanistan, d'Irak. Ces personnes exilées essaient de traverser la Manche pour aller au Royaume-Uni. à Calais, l'histoire se répète.
- "Ces flux migratoires ne sont pas nouveaux : cela fait près de 30 ans qu'il y a des populations en transit" rappelle Matthieu Tardis, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI) et spécialiste des migrations. "Ce phénomène varie, avec des périodes où il y a plus ou moins de personnes, mais il ne s'est jamais arrêté". Le Royaume-Uni attire ces populations exilées pour plusieurs raisons.
La première est géographique : "c'est le meilleur moyen de traverser et aller en Angleterre. Auparavant, les personnes passaient par le tunnel de la Manche, puis par le ferry" résume Matthieu Tardis.
- "Mais ces dernières années, les contrôles se sont renforcés. Il y a eu la sécurisation du port de Calais (Pas-de-Calais) et de l’Eurotunnel. La conséquence est qu'il y a de plus en plus de traversées irrégulières".
600 candidats à l'exil en 2018, 18 000 en 2021
Sur ce point, les chiffres sont éloquents. La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord répertorie le nombre de personnes ayant tentées de rejoindre le Royaume-Uni en traversant la Manche. En 2018, elles étaient 600. Cette année, elles sont 18 000.
Une autre raison est historique. De nombreuses communautés sont déjà implantées au Royaume-Uni et assurent un point de chute pour les nouveaux arrivants. Par ailleurs, l'anglais est davantage parlé que le français dans le monde. "À cela s'ajoute la non-attractivité de la France", affirme Matthieu Tardis. "Les conditions d'accueil restent difficiles. Un demandeur d'asile sur deux est dans un centre adapté. Les autres sont dans un centre d'hébergement d'urgence. Ils sont logés par des associations ou des particuliers. Certains se retrouvent à la rue".
- "Un demandeur d'asile sur deux est dans un centre adapté. Les autres sont soit dans un centre d'hébergement d'urgence, soit logés par des associations ou des particuliers, soit à la rue.", Matthieu Tardis, chercheur à l'Institut français des relations internationales et spécialiste des migrations
Expulsions, confiscation des affaires par la police, blocages administratifs... les conditions d'accueil en France ne freinent pourtant pas les flux migratoires. Alors, pourquoi ne pas les améliorer ? "Les politiques ont peur de l'appel d'air, c'est-à-dire que si l'on crée de trop bonnes conditions d'accueil, cela va faire venir des migrants" affirme Matthieu Tardis. "C'est la politique menée par tous les gouvernements depuis vingt ans". Pourtant, les exilés continuent de venir. Simono Rain milite au sein de la Cabane juridique. Cette association dénonce les pratiques illégales et/ou abusives des institutions en France. "La préfecture prétend que les expulsions servent à mettre les exilés à l'abri, mais ce n'est pas une solution" témoigne-t-elle. "La majorité des migrants redoutent d'y être contraints à demander l'asile parce qu'ils sont dublinés".
[...]
Lire l'intégralité de l'article sur le site de TV5 Monde.
Média
Partager