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Football : Başakşehir ou Erdogan FC, l’histoire derrière une incroyable ascension

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interviewée par Hamza Ouarb pour

  Le Parisien
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Champion de Turquie, dimanche, pour la première fois de son histoire, Başakşehir, a battu en brèche la suprématie des trois autres grands clubs stambouliotes. Il doit aussi, sa réussite à un personnage : le président Recep Tayyip Erdogan. 

 

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Coup de tonnerre dans le championnat turc! En s'adjugeant, dimanche soir grâce à un succès face à Kayserispor (1-0), la Süper Lig, Başakşehir, où évoluent l'ancien caennais Enzo Crivelli et l'ex-international Gaël Clichy, est devenu seulement la 6 e équipe de l'histoire à soulever le précieux trophée. Vice-champion en 2017 puis en 2019, ce jeune club, en banlieue d'Istanbul, a damé le pion, au passage, aux traditionnels cadors du pays : Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas, les autres formations stambouliotes. Et cette ascension fulgurante doit beaucoup au président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan. Responsable du département moyen orient à l'Institut français des relations internationales (IFRI) et créatrice d'un programme de travail sur la Turquie, Dorothée Schmid a accepté de décrypter les relations étroites entre Başakşehir et le controversé président turc.

Quel lien uni le club et Erdogan ?

Ancien footballeur semi-professionnel, Erdogan a eu l'occasion de montrer ses talents d'attaquant lors d'un match de gala pour l'inauguration du nouveau stade de Başakşehir, en 2014. Vêtu de la tunique orange du club, il a même inscrit un triplé avec, dit-on, une certaine mansuétude des défenseurs adverses. Cette année, le club est racheté par des sympathisants de son parti, l'AKP, notamment par son médecin personnel. Et le club est présidé par le mari de la nièce d'Erdogan

L'avis de Dorothée Schmid : « Il y a, avant tout, un lien historique. Le club, créé en 1990, appartenait à la municipalité d'Istanbul. Erdogan est devenu maire de la ville en 1994 et de facto président du club. Il semblerait que les financements de Başakşehir sont liés à l'entourage d'Erdogan. En 2014, le club se privatise en se dotant d'une structure en société par actions et reçoit beaucoup d'argent d'entreprises liées à l' AKP ».Un club délaissé des supporteurs

Un club délaissé des supporteurs

Contrairement aux trois grandes écuries stambouliotes (Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas), Başakşehir ne draine pas les foules. Si le club peut se permettre de recruter de grands noms du football, quelque peu en bout de course toutefois, comme Emmanuel Adebayor (de 2017 à 2019) et Robinho (depuis 2019), les gradins du stade Fatih-Terim sonnent creux. « On jouait devant 100 personnes », indiquait à Franceinfo le joueur français Jérémy Perbet, passé une saison au club en 2014.

L'avis de Dorothée Schmid : « Ce club est considéré comme une création artificielle. Il n'a pas vraiment de relais social. Pendant la saison 2017-2018, Başakşehir avait attiré en moyenne un peu plus de 5 000 supporteurs lors des matchs à domicile. Les trois autres équipes d'Istanbul enregistraient une fréquentation moyenne de 30 000 personnes ».

Seul contre tous

En Turquie, le football est au cœur des contestations sociales et politiques. Alors qu'ils ont pour habitude de cohabiter dans une ambiance délétère, les supporteurs de Besiktas, Fenerbahçe et Galatasaray décident de faire front commun contre le gouvernement d'Erdogan , lors des manifestations de Gezi en 2013. L'arrivée en première division d'un club possédant des liens étroits avec le dirigeant Turc, a suscité des crispations chez les supporteurs des trois grands clubs stambouliotes.

L'avis de Dorothée Schmid : « En Turquie, les supporteurs sont associés à des valeurs différentes de celles prônées par l'AKP (la fête, l'alcool et la laïcité). Il y a différentes stratifications sociales : Galatasaray c'est le club de l'élite de la société turque, Besiktas est très à gauche, mais l'un comme l'autre ont une base de fans très marquée dans l'opposition à Erdogan ».

Un soft power d'Erdogan ?

Féru de ballon rond, le Président turc aime s'afficher aux côtés des footballeurs internationaux. Le dernier en date est Mesut Özil à l'occasion de son mariage en Turquie. Le milieu de terrain allemand d'Arsenal, d'origine turque, a choisi un témoin pour le moins étonnant, en la personne… d'Erdogan. Une manière pour le chef d'Etat de soigner son image en utilisant un sport très apprécié de la population turque.

L'avis de Dorothée Schmid : « Erdogan sait que le football est un sport très populaire dans le monde entier. La Turquie est associée aux compétitions européennes et il y a un enjeu d'image à l'étranger. Pour lui, c'est un plaisir personnel car il aime ce sport, mais il y a aussi l'idée que le football a un encrage très fort en Turquie et notamment à Istanbul. Il veut accéder à cet accessoire politique ».

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Dorothée SCHMID

Intitulé du poste

Responsable du programme Turquie/Moyen-Orient de l'Ifri

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