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Fin de la coalition en Allemagne : « Le couple franco-allemand ne peut rien faire face à Trump avec un gouvernement en phase terminale »

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interviewé par Noé Megel pour

  Le Nouvel Obs
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Pour Paul Maurice, spécialiste de la politique intérieure outre-Rhin, les âpres négociations pour la constitution du prochain gouvernement allemand vont compliquer la mise en place d’une Europe unie alors que le magnat républicain fait son retour à la Maison-Blanche.

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Donald Trump, Melania Trump, Olaf Scholz, G20 2017
Donald et Melania Trump avec Olaf Scholz, arrivée au G20, aéroport d’Hambourg - 6 juillet 2017
Gutschalk Thorsten/Action Press/Shutterstock
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Depuis l’arrivée d’Olaf Scholz à la chancellerie en décembre 2021, les sujets de brouille se sont multipliés entre Paris et Berlin, notamment sur les questions liées à la guerre en Ukraine. Trois ans plus tard, l’hétéroclite coalition « feu tricolore » à la tête de l’Allemagne, composée des sociaux-démocrates du SPD, des Verts et du Parti libéral-démocrate (FDP), a volé en éclats à la suite du limogeage mercredi 6 novembre au soir de Christian Lindner, ministre des Finances et chef de file des libéraux. Une rupture qui intervient quelques mois après la dissolution de l’Assemblée nationale déclenchée de ce côté du Rhin par Emmanuel Macron, qui a plongé la France dans de longues tractations politiques.

Pour Paul Maurice, secrétaire général du Comité d’Etudes des Relations franco-allemandes de l’Institut français des Relations internationales, l’éclatement du gouvernement allemand n’est pas surprenant tant la coalition était ambitieuse et couvait des différends depuis un an. La période d’incertitude qui s’ouvre risque d’affaiblir le couple franco-allemand, moteur de l’Europe unie, face à un Donald Trump fraîchement élu à la Maison-Blanche.

La fin de la coalition tripartite au pouvoir en Allemagne depuis 2021 est-elle une surprise ?

Paul Maurice Même s’il y avait des frictions au sein de la coalition depuis quasiment un an, ce n’est que la troisième dissolution en soixante-quinze ans. En 1982, les libéraux [du FDP] avaient changé d’alliance, passant des sociaux-démocrates [du SPD] aux conservateurs [de la CDU], une manœuvre qui a amené Helmut Kohl au pouvoir. En 2005, [le chancelier SPD] Gerhard Schröder enclenche des élections anticipées à la suite d’une défaite électorale dans un Land, un mauvais calcul qui propulse Angela Merkel [de la CDU] à la chancellerie.

Ces tensions prennent place sur les questions budgétaires, les investissements et le frein à l’endettement. Les sociaux-démocrates, incarnés par Olaf Scholz, sont plutôt favorables à l’endettement sur des programmes sociaux et de défense, tout comme les Verts sur la transition énergétique.

Cet été, le ministre des Finances, le libéral Christian Lindner, figure plutôt à droite dans cette alliance de centre gauche, a publié un papier favorable à la rigueur budgétaire. Face à une possible démission du ministre, après des tentatives avortées de conciliation, Olaf Scholz a décidé mercredi 6 novembre de le limoger, entraînant le départ des autres ministres FDP. Seul le ministre des Transports est resté en poste, préférant quitter son parti.

Olaf Scholz prévoit de poser une question de confiance des députés au Bundestag le 15 janvier, qui lui sera nécessairement refusé. Des élections anticipées seront donc engagées vers la fin mars, six mois avant celles initialement prévues. Selon des sondages, 53 % des Allemands voient cette dissolution d’un bon œil. C’est assez rare pour un peuple plutôt favorable à la stabilité. La crise politique existait donc déjà avant. D’une certaine manière, on a juste crevé l’abcès. Peut-être même que tout ceci va résoudre la crise politique en Allemagne.

A quoi pourrait ressembler le nouveau gouvernement allemand ?

On reste dans l’immédiat, mais il se dégage que la chancellerie va certainement revenir à la CDU, qui est créditée de plus de 30 % des intentions de vote dans les sondages. Les conservateurs poussent même pour des élections avant la fin de l’année tant ils sont en position de force.

Mais c’est un pays dans lequel on a rarement une majorité absolue. Il faut donc trouver une coalition, mais laquelle ? Le partenaire naturel de la CDU reste le FDP, mais ce dernier n’atteint pas les 5 % dans les sondages et pourrait donc disparaître du Parlement. Les conservateurs pourraient gouverner avec les Verts [autour de 10 % dans les sondages], mais cela semble compliqué avec Friedrich Merz, président de la CDU, tenant d’une ligne très à droite dans le parti.

Il faut aussi rappeler une forte présence du parti de l’extrême droite, l’AfD, crédité autour de 17 %. Mais il n’est absolument pas question pour la CDU de s’allier à eux. En Allemagne, il y a encore un Brandmauer [littéralement, « pare-feu »] avec l’extrême droite.

Reste donc le SPD, crédité d’environ 16 % dans les sondages, dans une large coalition… Mais tous ces scénarios s’étudieront après les élections. L’Allemagne est un pays qui trouve toujours des solutions, mais cela peut être coûteux pour les partis qui gouvernent ensemble. Le SPD en a fait les frais lors de son alliance avec le FDP qui a mené sa propre politique dans le gouvernement.

Quel bilan peut-on tirer de cette coalition du « feu tricolore », première alliance du genre en Allemagne ?

Cette première coalition SPD-Verts-FDP à l’échelle nationale avait d’énormes ambitions après l’ère Merkel [2005-2021] de modernisation des infrastructures, de l’économie ou sur la transition énergétique. Mais le programme était difficile à mettre en œuvre pour des questions budgétaires.

Elle s’est surtout heurtée à la guerre en Ukraine qui a remis en cause le modèle économique allemand lié aux exportations et son modèle énergétique.

Scholz présente un bilan positif de son passage à la chancellerie, mais la plupart des sujets n’ont pas été menés jusqu’au bout. Pour les sujets qui l’ont été, cela s’est fait dans la douleur et la difficulté. Je pense notamment au projet porté par les Verts sur le chauffage individuel au fioul pour réduire l’empreinte carbone. Le poids financier supplémentaire pour les ménages l’a rendu très impopulaire. Aujourd’hui, les partis de la coalition actuelle obtiendraient à eux trois un score inférieur à celui de la CDU.

Qu’est-ce que cette dissolution, le jour de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, change pour le couple franco-allemand qui semblait retrouver des couleurs ?

C’est un peu paradoxal, car des séries de messages de remise sur le devant de la scène du couple franco-allemand ont été envoyées. Emmanuel Macron et Olaf Scholz se sont appelés mercredi matin après le résultat [de la présidentielle américaine] et ont réagi ensemble. Le ministre de la Défense, Boris Pistorius, est immédiatement venu à Paris, pour rencontrer son homologue Sébastien Lecornu.

Mais, en même temps, le couple franco-allemand ne peut rien faire face à Trump avec un gouvernement en phase terminale, qui ne va pas se projeter. Et s’il y a des difficultés de négociations, on pourrait avoir un gouvernement allemand au mieux à la fin du printemps, en juin, voire après l’été. On va avoir du mal à engager un partenaire allemand dans des logiques internationales, alors qu’il sera empêtré dans ses propres problématiques.

 

>Lire l'interview sur le site du NouvelObs

 

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Noé Megel

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Paul MAURICE

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Donald et Melania Trump avec Olaf Scholz, arrivée au G20, aéroport d’Hambourg - 6 juillet 2017
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