Faut-il exclure les extrêmes des institutions de la République ?
« On ne peut pas exclure les extrêmes de nos institutions », a souligné Elisabeth Borne mardi au moment où certains s'interrogent sur la remise en cause des deux vice-présidences attribuées au RN au Palais Bourbon. "Pour autant nous continuerons à ne pas chercher des accords avec eux".
C’était il y a 8 jours sur notre antenne, dans l’émission Sens politique d’Astrid de Villaines : le député Renaissance Sacha Houlié, membre de « l’aile gauche » du macronisme, faisait part de son regret d’avoir permis au Rassemblement national d’accéder à des postes-clés à l’Assemblée. Une « erreur » ayant contribué selon lui à renforcer la légitimation des élus RN. Depuis le début de la législature, les députés Sébastien Chenu et Hélène Laporte occupent en effet un des 6 postes de vice-présidents au Palais Bourbon. Élus par leurs pairs. Une 1ère dans l’histoire de ce parti pour une fonction qui n’est pas seulement symbolique puisqu’elle permet à ces derniers de présider les débats dans l’hémicycle, en alternance avec les 4 autres vice-présidents et la présidente Yaël Braun-Pivet. Soit la garantie d’une visibilité accrue et un passeport pour la respectabilité. D’où les doutes qui ont saisi une partie de la majorité comme de l’opposition au moment de renouveler le bureau de l’Assemblée en début de semaine.
Fallait-il remettre en cause la répartition des postes décidée fin juin 2022 ? C’est ce que souhaitaient notamment les écologistes, au motif que le RN est un parti « xénophobe », et une « courroie de transmission » de la Russie en France. Ou fallait-il ne toucher à rien, pour ne pas victimiser le parti de Marine Le Pen ? Et accessoirement, pour ne pas prendre le risque d’être soi-même éjecté ? Finalement, c’est la deuxième option qui a été choisie. Celle du statu quo : les patrons des groupes politiques ont convenu mardi de ne pas remettre en cause la répartition des postes-clés.
Sylvie Kauffmann éditorialiste au journal « le monde », spécialiste notamment des questions internationales.
Marc Lazar Professeur émérite d'histoire et de sociologie politique à Sciences po et à l'Université LUISS de Rome
Jean-François Colosimo essayiste, directeur des éditions du Cerf
Thomas Gomart Historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
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