Europe : le moteur franco-allemand est-il définitivement en panne ?
Au moment où l’Union européenne fait face à de nombreux défis, à la veille de la prise de fonction de Donald Trump, l’Allemagne et la France sont en pleine crise politique, incapables de se faire entendre sur la scène européenne. Le moteur franco-allemand ne joue plus son rôle pour faire avancer l’Europe.
Au moment où l'Union européenne fait face à de nombreux défis, à la veille de la prise de fonction de Donald Trump, l'Allemagne et la France sont en pleine crise politique, incapables de se faire entendre sur la scène européenne. Le moteur franco-allemand ne joue plus son rôle pour faire avancer l'Europe.
La monnaie commune a vu le jour grâce à François Mitterrand et Helmut Kohl, le grand emprunt post-Covid grâce à Angela Merkel et Emmanuel Macron. Le couple franco-allemand a longtemps fait avancer l'Europe. Mais aujourd'hui, ce moteur apparaît en panne sèche. Le prochain conseil des ministres franco-allemand, prévu en janvier, a été renvoyé sine die. Deux rencontres semestrielles de l'assemblée parlementaire franco-allemande ont été annulées coup sur coup, d'abord à cause de la dissolution en France, puis des élections anticipées en Allemagne.
Les grands projets structurants comme le char franco-allemand semblent enlisés dans d'interminables discussions. Et les désaccords politiques se multiplient : la France s'oppose de toutes ses forces à un accord commercial avec le Mercosur... qui est fortement soutenu par l'Allemagne ; Paris pousse en faveur d'un nouvel emprunt européen pour les industries de défense... dont Berlin ne veut pas.
« L'histoire des relations franco-allemandes est faite de désaccords, relativise Paul Maurice, secrétaire général du comité d'études des relations franco-allemandes à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Les tensions actuelles sont moins fortes que celles qu'on a connues à certains moments par le passé. Mais ce qui donne l'impression que cela ne marche pas, aujourd'hui, c'est l'absence de leadership à l'échelle européenne, au moment où il serait particulièrement nécessaire avec la perspective de l'arrivée de Trump et la guerre en Ukraine. »
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Le prochain chancelier aura davantage le réflexe franco-allemand
Du côté de l'Allemagne, l'éclipse actuelle pourrait d'ailleurs n'être que de courte durée. L'élection du 23 février prochain devrait ramener au pouvoir la droite chrétienne-démocrate. Son dirigeant, Friedrich Merz, souhaite ranimer la coopération. « Du fait de sa culture politique, et en tant que catholique rhénan dans la lignée de Helmut Kohl, Friedrich Merz a davantage le réflexe franco-allemand que ne l'a Olaf Scholz. Il lui a d'ailleurs souvent reproché, lors des débats au Bundestag, de délaisser ce sujet qui est un des fondements de la politique étrangère allemande », note Paul Maurice. Reste à savoir si le prochain gouvernement allemand trouvera à Paris un interlocuteur en mesure de lui répondre...
Or la panne actuelle, si elle se prolonge, risque de laisser des traces : un moteur qui reste longtemps à l'arrêt a plus de mal à redémarrer.
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