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Europe, Biélorussie, Russie : un jeu perdant-perdant

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citée par Yves Bourdillon dans

  Les Echos
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L'arraisonnement récent d'un avion européen dans le ciel biélorusse, un acte de piraterie aérienne, pousse l'Union européenne, la Biélorusse et la Russie dans une confrontation nuisible à tous.

Contenu intervention médiatique

La peste ou le choléra ? La Biélorussie présente de nouveau à l’Union européenne un dilemme perdant-perdant.  Etre ferme avec le régime d’Alexandre Loukachenko en raison de ses atteintes sidérantes au droit international et à la démocratie, c’est le pousser dans les bras de Poutine. Mais fermer les yeux ne permet pas pour autant de le sortir de l’orbite du Kremlin

Au vu du risque que d’autres avions soient arraisonnés dès lors qu’ils transportent un passager déplaisant à Alexandre Loukachenko, l’Union européenne n'avait d’autre solution que de demander à ses compagnies aériennes de contourner désormais l’espace aérien biélorusse. Une déci sion critiquée par le seul allié de Minsk, le Kremlin. A son corps défendant, puisqu’il risque d’être exécuté pour atteinte à la sûreté de l’Etat, Roman Protassevitch peut se vanter d’être au cœur d’un absurde imbroglio géopolitique à trois, où en fait personne n’a rien à gagner.

L’Union européenne, tout d’abord, qui, malgré une cohésion bienvenue sur ce dossier, s’avère manquer de leviers sur Minsk. L’expérience historique montre que les sanctions économiques sur les dictatures s’avèrent peu efficaces et seulement à très long terme... Bruxelles est obligée de marquer le coup symboliquement, mais n’obtiendra rien.

Mais le président biélorusse s’avère perdant aussi. En raison de cette nouvelle détérioration des relations avec l’Union européenne,

il perd les marges de manœuvre que cette dernière lui procurait face à la Russie,

explique Tatiana Kastouéva-Jean, spécialiste de la région à l’Institut français des relations internationales. Malgré des épisodes récurrents de tensions (en 1998, il avait expulsé des ambassadeurs occidentaux pour récupérer leur domicile jouxtant le domaine présidentiel), Alexandre Loukachenko faisait mine d’être bien disposé envers l’Europe pour que la Russie, inquiète d'un tel rapprochement, lui accorde des concession, par exemple sur la fiscalité des produits pétroliers.

Pour sa part, Vladimir Poutine se serait bien passé de ce regain de tension avec les Occidentaux, alors qu’il doit rencontrer Joe Biden à Genève, le 16 juin. Il a d’ailleurs effectué le « minimum syndical » en matière de soutien à Alexandre Loukachenko lors d’une rencontre vendredi dernier. Le président russe a, certes, annoncé un crédit de 500 millions de dollars, mais qui était déjà dans les tuyaux. Et si le Kremlin a marqué le coup en tançant l’Europe et en suspendant quelques liaisons aériennes contournant l’espace aérien biélorusse, il a vite rétabli ces dernières.

Tatiana Kastouéva-Jean souligne,

Poutine n’avait pas d’autres solutions que de soutenir Loukachenko pour éviter un double effet très négatif: donner raison à une protestation de la rue et céder devant l’Occident, dont il voit l’ingérence partout, notamment dans l’espace postsoviétique.

Mais il le fait sans entrain particulier, tant Loukachenko a peu la confiance du Kremlin. Moscou souhaite plus que jamais garder la main sur la transition du pouvoir à Minsk, mais sans se presser en espérant obtenir de Loukachenko, dans l'impasse et affaibli, des concessions.

Cette crise révèle donc une Europe impuissante, une Biélorussie isolée et une Russie embarassée.

> Retrouver l'intégralité de l'article dans Les Echos

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri

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