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États-Unis : l’inculpation de Donald Trump peut-elle lui profiter pour les élections en 2024?

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  La Croix
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Donald Trump est reparti libre ce mardi 4 avril du tribunal de Manhattan à l’issue de son inculpation. Accusé d’avoir effectué des paiements irréguliers à une star de films pornographiques avec qui il aurait eu une liaison, l’ex-président a plaidé non coupable. Le candidat va désormais tout tenter pour éviter l’épreuve d’un procès pouvant intervenir dès janvier 2024, juste avant la primaire républicaine.

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Des supporters de Trump à New York le 4 avril 2023
Des supporters de Trump à New York le 4 avril 2023
James Andrews1/Shutterstock
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Débat avec :Idris Fassassi, professeur en droit public à l’Université Paris Panthéon-Assas et Laurence Nardon chercheuse, responsable du programme Amériques de l’Institut français des relations internationales (Ifri)

Une formidable opportunité politique pour l’ancien président
Idris Fassassi, professeur en droit public à l’Université Paris Panthéon-Assas

Paradoxalement, la mise en examen de Donald Trump dans le cadre de l’enquête menée par le procureur du district de Manhattan est, politiquement, une formidable opportunité pour l’ancien président. Certains éléments objectifs attestent cette dynamique. Les derniers sondages révèlent le doublement de son avance sur son rival républicain Ron DeSantis, s’agissant des intentions de vote. De 15 points en février, l’avance est passée à 30 points ces derniers jours.

Ses équipes de campagne ont également recueilli plus de 7 millions de dollars en quelques jours seulement après sa mise en examen. Sa théâtralisation par Donald Trump a joué comme un puissant catalyseur lui permettant de se replacer au centre de l’échiquier politique. Ce recentrage s’illustre par l’embarras de ses rivaux, qui avaient cherché à se distancier de Trump et qui maintenant le rejoignent dans la dénonciation de l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire.

[...]

Recueilli par Agnès Rotivel

Les démocrates se réjouissent de cette inculpation
Laurence Nardon, responsable du programme Amériques de l’Institut français des relations internationales (Ifri)

La situation est inédite, mais d’un point de vue juridique elle ne pose pas de problème. La Constitution américaine n’indique pas que les candidats doivent avoir nécessairement un casier juridique vierge. Seules les condamnations pour « insurrection » ou « rébellion » contre les États-Unis peuvent provoquer l’inéligibilité. Et ce n’est pas le cas dans cette affaire. Donald Trump peut donc continuer à participer à la campagne pour les primaires des républicains et potentiellement être élu. En revanche, l’affaire de l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021, elle, pourrait le rendre inéligible.

Sur le plan politique, on remarque que la base électorale de Trump n’a pas changé d’avis avec cette affaire. Comme il l’a dit, l’ancien président pourrait aller sur la 5e Avenue à New York et « tirer sur quelqu’un » sans perdre aucun vote. D’après les derniers sondages, 38 % des Américains le soutiennent, et 55 % lui sont défavorables. Seules 7 % des personnes n’ont pas un avis tranché sur Trump.

En revanche, on constate une évolution au sein même de l’électorat républicain, depuis l’inculpation de Donald Trump : cet électorat se recentre sur l’ancien président, qui creuse l’écart avec son concurrent Ron DeSantis. Les ténors du parti avaient une fois de plus l’occasion de se détourner de Trump et de lui tenir tête, mais encore une fois, ils se sont couchés devant lui. Ron DeSantis dénonce ainsi un « procès scandaleux ». Cela a pour effet que certains des électeurs du challenger se tournent aujourd’hui vers Donald Trump.

Côté démocrate, on se réjouit de cette inculpation. Tout comme du fait que Donald Trump va, peut-être, enfin être puni. Cependant, ils sont ennuyés que ce soit cette affaire-là qui sorte et pas une autre pouvant donner lieu à une inculpation plus solide, comme l’assaut du Capitole ou les documents secret défense non restitués.

Les démocrates ont intérêt à ce que ce soit Trump plutôt que DeSantis qui se présente aux prochaines élections. Joe Biden, qui va probablement se représenter, sera plus à l’aise face à l’ancien président : il l’a déjà battu et ils ont à peu près le même âge. L’accusation des républicains, qualifiant de « sénile » Joe Biden, sera plus difficile à manier.

Finalement, les chefs d’inculpation sont un peu tirés par les cheveux. On reproche à Donald Trump d’avoir triché en indiquant comme « frais juridiques » l’argent utilisé pour acheter le silence de quelqu’un. En faire un crime fédéral est un raisonnement juridique plutôt compliqué. Je ne suis pas certaine que cela puisse convaincre les 7 % d’indécis qui, avec les centristes, pourraient faire la différence en 2024. Une inculpation contre l’assaut du Capitole serait beaucoup plus puissante. Et cela pourrait bien arriver.

Recueilli par Mathys Vallée

 

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Laurence NARDON

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Responsable du Programme Amériques de l'Ifri

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