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États-Unis : la conclusion de l’enquête Mueller, une défaite pour les démocrates

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Si les démocrates ne peuvent plus attaquer Donald Trump sur ses liens avec la Russie, il va leur falloir muscler leur programme.

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Après des semaines de spéculations fébriles à Washington, c’est le 22 mars, au terme d’une enquête de presque deux ans, que le procureur spécial Robert Mueller a rendu son rapport sur la collusion qui aurait existé entre l’équipe de campagne du candidat Trump en 2016 et la Russie. En attendant la possible publication d’une version publique du rapport, le ministre de la Justice (attorney general) William P. Barr en a livré un résumé de deux pages, dont il ressort que R. Mueller n’a trouvé aucune preuve de cette collusion. Si le procureur ne conclut pas sur les tentatives d’obstruction à la justice que le président aurait commises, et si d’autres d’enquêtes sur des affaires de corruption et de violation des règles de financement de campagne restent en cours dans l’État de New York, la conclusion de l’enquête Mueller est cependant une déception cuisante pour les démocrates. Les perspectives de mise en accusation (impeachment) du président s’éloignent tandis que ce dernier exulte, plein d’esprit de revanche.

La situation souligne surtout la fracture entre centristes et radicaux au sein du Parti démocrate. Pour les premiers, Trump est un président illégitime du fait même de son positionnement d’extrême droite. Son élection ne peut donc être que le fruit d’une manipulation, d’où l’importance centrale de l’enquête Mueller. C’est la ligne qu’ont portée les grands organes de presse prodémocrates tels que le Washington Post, le New York Times ou CNN. Les démocrates plus radicaux se sont beaucoup moins focalisés sur l’enquête Mueller, car pour eux, l’élection de Trump s’explique par la montée des inégalités dans le pays. La croisade antilibre-échange du président est une politique qui leur convient partiellement.

La disparition de l’hypothèque russe sur le président va obliger tous les candidats aux primaires démocrates (déjà 17 déclarés et ce n’est pas fini !) à se concentrer, non plus sur le président, mais sur la mise au point d’un programme politique solide et sérieux, répondant aux attentes des électeurs sur les questions de santé, d’éducation, de réforme fiscale, d’infrastructure et d’environnement.

C’est sans doute une bonne chose.

 

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Laurence NARDON

Laurence NARDON

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Responsable du Programme Amériques de l'Ifri