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Et si Poutine appuyait sur le bouton ?

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cité par Yves Bourdillon dans

  Les Echos
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Le risque que le Kremlin, voulant sauver la face au risque de devenir paria, lance une bombe nucléaire tactique sur l'Ukraine est faible mais non nul. Ce qui ferait basculer l'humanité dans une ère incontrôlable. La riposte occidentale requerrait beaucoup de sang-froid.

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« Go nuclear. » C'est ce que pourrait faire Vladimir Poutine en Ukraine… et ce n'est pas un hasard si cette expression anglaise se traduit en style familier par « partir en vrille ». Le Kremlin, acculé, humilié par une défaite militaire désormais plausible, pourrait lancer une bombe nucléaire tactique sur un site ukrainien dans une tentative éperdue de retourner la situation.

C'est en tout cas ce dont le Kremlin, qui a théâtralement mis en alerte ses forces nucléaires juste après le début de l'invasion, le 25 février, aimerait nous persuader afin que l'opinion publique des pays occidentaux, terrorisée, pousse ses dirigeants à lâcher l'Ukraine.

Même si les bombes nucléaires tactiques sont d'une puissance inférieure à celle de Hiroshima - 15 kilotonnes de TNT, mille fois moins que les bombes stratégiques capables de raser des mégapoles -, elles n'en restent pas moins… nucléaires. Leur emploi déclencherait un engrenage dont l'issue pourrait être l'annihilation de l'humanité.

Le Kremlin bluffe probablement, mais certains ont aussi cru qu'il n'envahirait jamais l'Ukraine….

  • « Une frappe nucléaire russe reste peu probable mais il faut se préparer à toute éventualité », résume l'amiral
    Jean-Louis Lozier, expert auprès de l'Institut français des relations internationales. Le bluff ne marche pas pour l'instant, au vu des livraisons d'armes lourdes occidentales à l'Ukraine…

Penser l'impensable

Que se passerait-il si, mû par sa propre rationalité qui nous échappe, Poutine passait malgré tout à l'acte ? Pensons l'impensable, au demeurant pas si impensable que cela, puisqu'il s'en est fallu d'un cheveu que le feu nucléaire ne soit déclenché en déjà au moins trois occasions (1).

Le président russe appuie sur le bouton rouge (qui n'existe au demeurant pas, puisqu'il s'agit en fait de l'activation d'un code à l'aide d'une sacoche surnommée « Tcheget »), pour lancer une bombe de 2 kilotonnes sur l'Ukraine.

Il obtiendrait alors vraisemblablement la reddition immédiate de Kiev. Comment imaginer que des soldats, aussi courageux soient-ils, continuent à se battre contre un adversaire déterminé à tuer 40.000 combattants et civils d'un seul missile ? Sans parler de la panique provoquée par les radiations mortelles. C'est d'ailleurs ce qui a poussé le Japon à capituler en quelques heures en août 1945.

Tous les Ukrainiens craignant d'être exécutés par l'occupant, sans compter tous ceux refusant de vivre sous la botte russe prendraient alors la route de l'exil. Dix à quinze millions de réfugiés ukrainiens en Europe du jour au lendemain.

Des « babouchkas à Kalach » à chaque coin

La guerre en Ukraine ne s'achèverait pas pour autant. Elle changerait simplement de nature, avec « derrière chaque fenêtre une babouchka armée d'une Kalach », disent les Ukrainiens, là où l'armée russe se déploierait. Sans oublier les milliers de missiles antichars et anti-hélicoptères fournis par l'Ouest pas encore utilisés. Des années de guérilla pire que l'Afghanistan en perspective…

  • De nouvelles sanctions paraîtraient dérisoires et une riposte militaire s'imposerait probablement, amiral Jean-Louis Lozier, expert auprès de l'Institut français des relations internationales

Passé un instant de sidération, il faudrait alors des nerfs d'acier à la communauté internationale.
 

  • « Les Occidentaux ne pourraient pas rester les bras croisés » devant un tel crime, estime l'amiral Lozier : « De nouvelles sanctions économiques ou diplomatiques paraîtraient dérisoires et une riposte militaire s'imposerait donc probablement, par exemple en détruisant la flotte de surface russe. Mais sans recourir à des armes nucléaires ni toucher aux infrastructures nucléaires russes, car cela provoquerait une escalade incontrôlable. »

 

[...]

> Lire l'intégralité de l'article sur le site des Echos (accès réservé aux abonnés).

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Jean-Louis LOZIER

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Conseiller, Centre des études de sécurité de l'Ifri

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