Espionnage d’officiers de l’armée allemande par les Russes : quelles répercussions politiques ?
La tension ne redescend pas entre Moscou et Berlin : vendredi 1er mars, l’enregistrement d’une visioconférence secrète entre des officiers haut placés de l'armée allemande a été diffusée par les médias Russes… Conversation portant sur l’épineux sujet des livraisons d'armes à l’Ukraine.
L’insouciance des officiers allemands
Les trente-huit minutes de réunion militaire diffusées sur les ondes russes laissaient entendre plusieurs officiers allemands débattre et détailler les livraisons de missiles Taurus à l’Ukraine. Si cette fuite ne divulgue pas d’informations nouvelles compromettant les stratégies européennes en Ukraine, l’incident reste inquiétant pour Hans Stark professeur de civilisation allemande contemporaine à la Sorbonne et conseiller pour les relations franco-allemandes à l'IFRI.
« Cette affaire est grave car elle reflète l’insouciance absolument inouïe des officiers ayant utilisé la plateforme WebEx pour une visioconférence militaire. WebEx est une plateforme publique, qui a du être facilement infiltrée par les Russes. Elle n’est en aucun cas adaptée pour diffuser des informations confidentielles. Son utilisation dans un contexte de guerre où la Russie surveille les puissances occidentales relève de l’amateurisme. Comment les partenaires britanniques, français et américains, pourront-ils encore faire confiance à leurs collègues militaires allemands après cette affaire-là ? », s'inquiète le chercheur.
La chancellerie sous pression
L'enregistrement est aussi problématique pour Olaf Scholz. Le chancelier affirmait encore récemment que la livraison de missiles Taurus à l’Ukraine devait s’accompagner de l’envoi de techniciens allemands pour programmer leur ciblage. Une information qui a été démentie par ses officiers lors de cette réunion.
Pour autant, analyse Hans Stark, le chef de gouvernement allemand reste opposé à l’envoi de troupes sur le front ukrainien car sa popularité électorale en dépend.
« La coalition actuellement au pouvoir est en grande difficulté. Son organe politique principal, le Parti Social-Démocrate (SPD) est même en chute libre dans les sondages. Nous sommes à un an et demi des élections législatives et à six mois de trois scrutins régionaux très importants en Allemagne de l'Est, où le SPD risque de passer en dessous des 10%. Pour un parti de gouvernement, ce score est absolument terrible. »
Avec :
Hans Stark Professeur de civilisation allemande contemporaine à Sorbonne Université, conseiller pour les relations franco-allemandes à l’IFRI
Ces révélations sont pour le moins embarrassantes pour Olaf Scholz dans le contexte européen actuel. Hier, la Russie a réagi en dénonçant “l’implication directe” de l’Occident en Ukraine. Quelles sont les répercussions politiques de ces révélations ?
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