Envoi d'armes à l'Ukraine : sommes-nous à la limite de la belligérance ?
Plus de deux mois après le début de l'invasion russe en Ukraine, les États-Unis veulent livrer 20 milliards de dollars de matériel militaire. Une stratégie qui semble être de plus en plus offensive. Jean-Pierre Elkabbach reçoit Elie Tenenbaum, directeur du centre des études de sécurité de l’IFRI, Institut français des relations internationales.
"On n'attaque pas la Russie. On aide l'Ukraine à se défendre contre l'agression russe", a justifié Joe Biden. Mais cet envoi d'armes peut-il être considéré comme une belligérance ?
Envoi de chars, lance-roquettes et canons à l’Ukraine, un nouveau tournant dans la guerre va-t-il avoir lieu ? Joe Biden a annoncé avoir demandé au Congrès de voter un nouveau plan d'aide à l'Ukraine d'un montant de 33 milliards de dollars, dont 20 milliards seraient destinés à du matériel militaire offensif.
- "C'est un changement de pied des États-Unis de soutenir [l'Ukraine] avec des armes offensives pour mettre la Russie dans une situation de défaite", déclare Elie Tenenbaum, directeur des études de sécurité à l’IFRI, Institut français des relations internationales, invité de Jean-Pierre Elkabbach samedi.
Un affrontement entre la Russie et les États-Unis ?
La France, de son côté, s’est engagée à livrer 100 millions d’euros d’équipements militaires, dont des missiles Milan et des canons Caesar.
- "La livraison d'armes en tant que telles ne constitue pas une belligérance en droit international", a assuré Elie Tenenbaum sur Europe 1/CNews.
- "Soit vous êtes l'une des parties d'un conflit et dans ce cas là, vous avez des forces qui combattent dans le conflit, soit vous ne faites pas partie d'un conflit et il n'y a pas d'embargo sur les ventes d'armes en Ukraine."
- "C'est la question d'une reconquête ukrainienne à laquelle se rangent les États-Unis, ce qui n'était pas le cas pendant les deux premiers mois du conflit", a constaté Elie Tenenbaum. Une prise de position qui aura forcément des conséquences stratégiques, avance le directeur des études de sécurité à l'IFRI. "La Russie regarde ça de très près, évidemment, elle peut décider d'anticiper sur davantage d'ingérences, avec potentiellement des frappes en Ukraine voire au-delà."
- "On est dans le soutien à un État qui est agressé, un soutien légitime et qui ne pose pas de problème en droit international mais qui évidemment crée des tensions, et c'est bien normal, avec la partie adverse qui est la Russie", a-t-il conclu. Le chef du Kremlin n'a pas hésité à plusieurs reprises ces dernières semaines à réitérer ses menaces nucléaires.
- « Poutine cherche à conserver la maîtrise de l’escalade. Il considère que les enjeux du conflit en Ukraine sont de nature vitale [...] c’est pour cela qu’il peut monter jusqu’aux extrêmes. » « Une puissance nucléaire ne peut pas perdre une guerre, ou en tout cas elle considère qu'elle doit avoir les moyens de mener cette carte "joker" pour dire "je ne perds pas". »
> Voir le replay sur le site de CNews ou écouter l'émission sur le site d'Europe1.
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