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En Turquie, Erdoğan emprisonne à tour de bras

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Le maire d'Istanbul et principal opposant du président, Ekrem Imamoglu, a été arrêté ce mercredi. Journalistes, avocats, patrons et même astrologues finissent dans les geôles du régime.

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Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu
Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu
Atakan Divitlioglu / Shutterstock
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« JE NE RENONCERAI PAS », lâche-t-il, ton ferme et tête haute, en brandissant un poing combatif. Quelques minutes après la diffusion de cette vidéo, la police, qui encerclait son domicile, embarque Ekrem İmamoğlu. Le très populaire maire d'Istanbul (Turquie), adversaire numéro un d'Erdogan, rejoint la cohorte des opposants emprisonnés depuis le début d'année. L'élu fait l'objet de deux procédures, pour« corruption » et « soutien à une organisation terroriste », pour son aide au PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme terroriste par Ankara.

Ce week-end, le parti d'İmamoğlu, le CHP (social démocrate), devait désigner son candidat pour la prochaine présidentielle. Le quinquagénaire était le seul en lice.

 

La présidentielle de 2028 pourrait être avancée


Un journaliste interroge un expert jugé gênant ? Quatorze ans de prison pour
« subornation de témoins ». Un parti rival tente sa chance aux élections ? Ses membres sont interpellés pour « corruption » et « terrorisme ». Une dizaine de maires, sous la bannière CHP, ont été évincés de leurs fonctions.

Début février, une astrologue prédit la mort d'Erdogan et finit illico derrière les barreaux.

Le leader turc avait annoncé la couleur. Lors d'un con grès de son parti, le 23 février, il avait fustigé un « problème d'opposition qui empoisonne la démocratie ». Dans les médias locaux, une rumeur enfle : Erdogan voudrait précipiter la lointaine élection présidentielle, pré vue en 2028. Premier ministre de 2003 à 2014 et président omnipotent depuis, il envisagerait de modifier une nouvelle fois la Constitution pour s'offrir un quatrième tour de piste.

L'an dernier, le parti présidentiel, l'AKP, a essuyé une défaite cuisante lors des municipales. Istanbul, Ankara et Izmir sont tombés sous la bannière du CHP, marquant un tournant politique historique et peut-être le début du crépuscule, alors que le pays est miné par l'inflation (44 % en décembre) et les inégalités

Le leader « scrute le désordre international pour gérer son pays d'une main de fer, sans que personne n'ait rien à lui dire », analyse Dorothée Schmid, experte à l'Ifri (Institut français des relations internationales). Ankara s'impose désormais en interlocuteur clé pour les pays européens, en quête d'une stratégie de défense face au vacillement américain.

Samedi, Erdogan a participé à un sommet virtuel ras semblant une vingtaine de dirigeants alliés de l'Ukraine. « Selon des observateurs turcs, ces échanges lui ont donné l'impulsion nécessaire pour faire avancer son pays vers la dictature » , avance Dorothée Schmid.

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Journaliste(s):

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Joanna Blain

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Dorothée SCHMID

Intitulé du poste

Responsable du programme Turquie/Moyen-Orient de l'Ifri

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