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En prenant la tête de l'Asean, l'Indonésie fera-t-elle entendre une troisième voix?

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interrogée par Jelena Tomic pour

  RFI
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Ce dimanche 1er janvier, l’Indonésie prend la tête de l’Asean, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. Quels seront les principaux enjeux de l’alliance en 2023 au niveau régional et international ? L’Asean regroupe dix États membres et bientôt 11, avec l’intégration prochaine du Timor Oriental.

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C’est un événement important et rare pour l’association car la dernière fois qu’un pays a rejoint l’Asean, c’était le Cambodge en 1999. Le deuxième enjeu de taille pour le bloc, c’est la question birmane. Depuis le coup d’État militaire en février 2021, le pays est plongé dans le chaos. L’association parviendra-t-elle, sous la direction indonésienne, à trouver une position commune pour mettre fin à la violence ? La question reste entière.

L’autre enjeu pour l’Asean, au niveau international cette fois-ci, c’est la posture que prendra l’association face à la rivalité sino-américaine. Tiraillés entre la dépendance sécuritaire vis-à-vis des États-Unis et la dépendance économique vis-à-vis de la Chine, les pays membres doivent trouver le bon équilibre et contourner ces difficultés alors même qu’ils sont soumis à de très fortes pressions des deux puissances.

Deux grands blocs, mais pas seulement

« Ce que l’on voit se dessiner aujourd’hui, c’est cette rivalité entre les deux grands blocs, les États-Unis et la Chine. Mais il y a aussi une sorte de ventre mou et un très grand nombre de pays qui ne veulent pas être entraînés dans cette rivalité, qui ne veulent pas être instrumentalisés par l’une ou l’autre des grandes puissances et qui veulent affirmer leur singularité. L’Asean fait partie de ce groupe-là, et l’Indonésie est particulièrement encline à pousser cette posture-là », analyse Françoise Nicolas, chercheuse et directrice du Centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

En tant que bloc régional, l’Asean a un rôle important à jouer dans la réorganisation géopolitique mondiale. « En réalité, il y a une volonté de mener sa propre voie. C’est le maintien du multilatéralisme, et pour ce qui concerne l’Indonésie et l’Asean, dans son sillage, c’est faire entendre la voix du global south, d’une sorte de "tiers monde". Tiers monde, au sens, d’un monde différent des deux autres blocs ou des deux autres grandes puissances », poursuit Françoise Nicolas.

L'Indonésie a un rôle à jouer

Quelle direction va prendre le bloc sous l’impulsion de Joko Widodo, le président indonésien qui a acquis une stature internationale avec le sommet réussi du G20 à Bali en novembre dernier ? Peut-on s’attendre à des changements importants ?

« Je pense que l’Indonésie a peut-être un rôle à jouer, et elle a joué ce rôle au sein du G20. Puisque finalement, au sein du G20, dans la déclaration finale après le sommet de Bali, ce qui a été entendu, c’est qu’il y avait une autre voie que la voie chinoise, d’un côté, ou américaine, de l’autre. Donc, il y a une possibilité malgré tout de faire participer d’autres acteurs à la gouvernance globale », poursuit Mme Nicolas.

Le dernier défi pour les pays de l’Asean est celui de la reprise économique post-pandémie. Même si dans un climat économique mondial très dégradé, l’Association tire son épingle du jeu, les difficultés que traverse le géant chinois ne lui faciliteront pas la tâche. La consolidation de la reprise s’annonce donc plus difficile que prévu.

L'Asie est la région du monde qui peut s'en tirer relativement bien d'un point de vue économique.

>> Retrouver l'entretien sur le site de RFI

 

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Françoise NICOLAS

Françoise NICOLAS

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Conseillère au Centre Asie de l'Ifri

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