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En Irak, la menace de l'Etat islamique plane toujours

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citée par Hadrien Valat dans

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Affaibli, Daech a troqué le contrôle de territoire contre une stratégie de guérilla et de déstabilisation de l'Etat irakien. Trois militaires français mobilisés pour éviter une résurgence du mouvement sont morts sur place en moins d'un mois.

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Extrait d'une vidéo de propagande de Daech menaçant la France
Extrait d'une vidéo de propagande de Daech menaçant la France
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Lundi, dans le désert d'al-Aïth, à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad, le sergent Nicolas Mazier du commando parachutiste de l'air n°10 a été tué alors qu'il participait à une opération antidjihadiste. Les forces spéciales françaises, engagées dans une opération de reconnaissance au côté de soldats irakiens, ont été prises dans une embuscade tendue par des militants de Daech. Un peu plus tôt en août, deux autres militaires français sont morts en Irak, victimes respectivement d'un accident de la route et d'un accident lors d'un « exercice opérationnel » avec les forces irakiennes.

A son apogée à la fin 2014, Daech contrôlait un territoire immense, s'étendant sur la moitié de la Syrie et un tiers de l'Irak . Les assauts des forces armées des deux pays, des forces kurdes ou de la coalition internationale ont fortement diminué l'emprise de l'Etat islamique. Mais les combattants de la nébuleuse djihadiste n'ont pas tous déposé les armes pour autant.

« Daech n'est plus capable de grandes opérations complexes. Mais le groupe est en perpétuelle résurgence et reconstruction. La menace est toujours bien présente, comme on a pu le voir avec cette embuscade », estime Héloïse Fayet, chercheuse à l'Ifri. « Cependant, la mort des trois militaires français coup sur coup est une coïncidence. Les trois décès n'ont rien à voir et ce sont des choses qui arrivent en opération ».

« Logique guerrière »

« L'Etat islamique est revenu à sa première vie insurrectionnelle, qui consiste à déstabiliser autant que possible tout processus de normalisation politique par des attaques ciblées et des attentats, toutefois beaucoup moins meurtriers et fréquents qu'il y a 10 ans, observe de son côté Myriam Benraad, professeur en relations internationales à l'université internationale Schiller et auteure de L'Etat islamique est-il défait ? (Ed. CNRS). La logique de l'Etat islamique est une logique guerrière. Les cibles militaires restent des objectifs privilégiés avec l'idée d'éliminer toute présence étrangère en Irak ».

En Irak, l'EI profite des logiques intercommunautaires et du ressentiment né de la guerre civile, explique la chercheuse : « L'EI est toujours présent et actif dans les régions désertiques de l'Ouest, dans la province d'Al-Anbar notamment, et dans le Nord, où le groupe a réussi à s'implanter autour d'un proto-Etat, quoiqu'éphémère, avec des filets de complicités dans ses anciens bastions comme Mossoul et Kirkouk ». Le désinvestissement par l'Etat irakien des provinces périphériques sunnites permet au groupe de continuer à recruter parmi les populations les plus marginalisées.

Economie souterraine

Un récent rapport de l'ONU note « l'attrition » des cadres de l'EI, dont l'espérance de vie est de plus en plus courte. Les capacités financières de Daech ont aussi « significativement diminué » par rapport à quelques années en arrière. Sans toutefois totalement s'assécher : « L'Irak est un Etat rongé par la corruption où s'est développée une économie souterraine faite de trafics illicites -pétrole, antiquités, êtres humains - à la faveur des djihadistes, qui ont su s'insérer dans cette économie de guerre. On peut ajouter à cela une économie du racket généralisée et les extorsions » , complète Myriam Benraad.

En 2020-2021, l'instabilité politique, les attaques de milices chiites proche de l'Iran et le Covid avaient gelé les missions de formation de la coalition internationale.

Depuis, Héloïse Fayet observe « un regain d'activités des forces françaises en Irak. Avec évidemment derrière des intérêts stratégiques plus larges : la stabilisation du pays et la réduction de l'influence iranienne, l'accès au pétrole irakien, la vente d'armes, les intérêts économiques… »

Si Daech est affaibli au Moyen-Orient, le groupe gagne du terrain en Afrique, notamment au Sahel. L'EI est présent au Mali, au Burkina Faso, au Niger mais aussi de plus en plus en République démocratique du Congo, où l'organisation profite à chaque fois de la faiblesse des structures étatiques.

> Lire l'article sur le site des Echos.

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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

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Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri

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