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En Indo-Pacifique, la France encaisse le choc de la Nouvelle-Calédonie

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citée par Jérémy André dans

  Le Point
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Lors du dialogue de Shangri-La, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a invité les pays de la région à condamner les violences en Nouvelle-Calédonie.

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La question de la Nouvelle-Calédonie était attendue, la réponse était toute prête : « Cette violence, il faut la condamner ! » Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a répondu par ce mélange de pédagogie et de fermeté – sans autocritique – aux interrogations sur la situation dans l'archipel lors du dialogue de Shangri-La à Singapour.

À l'occasion de cette conférence internationale, un membre du gouvernement français était pour la première fois publiquement interrogé sur la scène mondiale à propos de ce que Paris considère comme une pure « crise intérieure » – dont il est cependant difficile d'ignorer la portée globale, que ce soit par les accusations d'ingérence contre l'Azerbaïdjan, par les centaines de touristes coincés sur le Caillou ou par les inquiétudes de certains voisins.

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Pétoches et peur de la contagion

On le concède à Balard, la crise a jeté un froid chez les voisins du Pacifique Sud. L'Australie a les « pétoches », murmure-t-on au sommet de la Grande Muette. Le pays-continent dont la principale frontière maritime est avec la France se donne des sueurs froides en imaginant possible un improbable scénario catastrophe : un départ français brutal, une indépendance sèche, avec un retrait total de l'armée et de l'administration française. Un vide dans lequel s'engouffrerait le géant chinois, dans les pires cauchemars des Australiens. « La Chine n'est pas derrière », balaie-t-on à Paris, Pékin s'étant, au contraire, tenu à distance, contrairement à Bakou.

Dans les pays insulaires, on craint davantage la « contagion », rapporte la chercheuse de l'Ifri (Institut français des relations internationales) Céline Pajon. Les violences des jeunes et indépendantistes calédoniens pourraient inspirer des troubles ailleurs, même si les contextes sont légèrement ou totalement différents. D'autres îles sont divisées entre communautés ethniques et factions favorables à la Chine ou aux États-Unis. Fin 2021, les îles Salomon avaient été secouées par une insurrection à la suite du rapprochement avec la Chine.

« Certains pays ont évoqué des inquiétudes, comme les Fidji », précise la chercheuse française.

Si l'exécutif s'en défend, la période a donc des airs de crash test pour les ambitions indo-pacifiques de la France, la grande stratégie dessinée à Nouméa par Emmanuel Macron en 2018. L'explosion de la violence début mai en Nouvelle-Calédonie est le deuxième coup dur porté à cette stratégie indo-pacifique, après l'affaire de l'annulation du contrat de sous-marins en Australie en 2021 à cause de l'alliance Aukus lancée alors par Canberra, Londres et Washington. Finalisée déjà fin 2023, la publication d'une mise à jour du document de référence du ministère des Armées se fait toujours attendre – attendant depuis janvier, selon deux sources, sur le bureau du nouveau Premier ministre, Gabriel Attal. Au risque d'inquiéter sur l'avenir de la stratégie indo-pacifique ?

« Je ne pense pas que la stratégie indo-pacifique soit enterrée, tempère Céline Pajon. Avec les événements en Nouvelle-Calédonie, ce n'est pas le meilleur moment pour publier une stratégie actualisée qui s'appuiera nécessairement sur les territoires d'outre-mer. »

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>>> Lire l'article intégral sur le site de Le Point

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Céline PAJON

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Chercheuse, responsable de la recherche Japon et Indo-Pacifique, Centre Asie de l'Ifri