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En Chine, le plénum du Parti communiste prend place dans un climat des affaires dégradé

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interrogé par Véronique Kiesel pour

  Le Soir
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Du 15 au 18 juillet, le troisième plénum du Parti communiste chinois doit, alors que les problèmes s’accumulent, tracer la politique économique pour les cinq ans à venir.

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Chômage élevé des jeunes, consommation en berne, hausse des droits de douane imposés par les Etats-Unis et l’Union européenne : c’est dans une atmosphère morose que s’ouvre ce lundi à Pékin le troisième plénum du vingtième Congrès du Parti communiste chinois, chargé de définir les grandes orientations économiques pour les cinq années à venir. Décodage avec Marc Julienne de l’IFRI (Institut français des relations internationales).

Qu’attendre de ce rendez-vous très codifié du Parti communiste chinois ?

Tout d’abord, ce plénum arrive tardivement, presque par surprise. Traditionnellement, le troisième plénum a lieu à l’automne, un an après le Congrès. Il aurait dû se tenir à l’automne 2023 mais, sans la moindre explication publique, il n’a pas eu lieu. Or il s’agit d’une réunion majeure consacrée à la politique économique. On a appris en mai que le troisième plénum aurait lieu en juillet. L a Chine est dans une situation économique extrêmement difficile, en partie à cause des trois années de fermeture du pays liées à la politique zéro covid, mais, depuis sa levée, le rebond attendu n ’a toujours pas eu lieu. Puisqu’il y a des facteurs structurels qui minent l’économie chinoise, beaucoup espéraient que le gouvernement lance des réformes économiques ambitieuses. C’est tout l’enjeu de cette réunion, mais je suis assez pessimiste sur ce plan-là.

Le Parti va annoncer des objectifs, mais peut-être pas comment y arriver ?

Probablement, oui. Sans prendre beaucoup de risques, on peut s’attendre à ce que, comme dans toute réunion du PC, il y ait un flot de vocabulaire socialiste. Le nouveau concept qui a émergé, c’est celui de la « libération des nouvelles forces productives » : un terme marxiste rajeuni pour évoquer les nouvelles technologies. Ce sera, je pense, l’axe majeur, même s’il n’est pas neuf puisque, au moins depuis 2015, la Chine mise tout sur les nouvelles technologies, les services, l’innovation, etc.

Mais il y a des problèmes très concrets à résoudre : l’énorme endettement des entités locales, la faiblesse de la consommation locale, le chômage massif des jeunes, la crise immobilière, et ce dans un contexte de commerce international compliqué avec les USA et l’UE…

En effet. Or pour le moment, on ne voit pas de projets de réforme qui viseraient à résoudre ces problèmes. Et il y a en plus celui des surcapacités industrielles. Comme il y a très peu de demande intérieure, il faudrait pratiquement arrêter de produire, mais cela ferait baisser la croissance du PIB et plonger un peu plus l’économie. C’est pour cela que l’an dernier, le Parti a poussé à produire plus pour stimuler cette croissance décevante. Ces surcapacités inquiètent les Européens, car la Chine doit d’autant plus exporter, et notamment ses voitures électriques, qui ne se vendent pas autant que prévu en Chine.

Cela explique les récentes tensions politico-commerciales avec l’UE…

Oui. En réalité, les problèmes rencontrés par les Européens en Chine ne sont pas nouveaux. L’UE s’est toujours plainte d’une trop grande asymétrie, mais il y avait tellement d’opportunités de business que, même si ce n’était pas très équitable, les entreprises européennes étaient au final bénéficiaires. Ce n’est plus vraiment le cas puisque la Chine se
referme de plus en plus. On a de moins en moins accès à son marché, on lui vend moins de technologies parce qu’elle en a moins besoin. Et les firmes chinoises de viennent des concurrents très sérieux sur le marché européen, dans des conditions en grande partie inéquitables. Et c’est sur ces subventions dans le secteur des véhicules électriques, de l’éolien, du ferroviaire, que la Commission européenne a enquêté, ainsi que sur les inégalités dans l’accès aux marchés publics, la Chine ayant accès à ceux de l ’UE sans que ce soit réciproque.

Le Premier ministre Li Qiang a un discours très pro business mais la réalité semble différente…

Cette dissonance est parfaitement perçue en Europe. Il y a en effet un discours des officiels chinois très attractif, très engageant, pour attirer les investisseurs en Chine. Mais les acteurs sur le terrain disent tout autre chose : l’environnement des affaires se dégrade, le contexte politique se durcit, les entreprises étatiques chinoises sont favorisées. Et le contexte légal est de plus en plus contraignant. Car Xi Jinping a fait passer une nouvelle loi sécuritaire encadrant la propriété des données : les services de sécurité chinois peuvent demander aux entreprises étrangères l’accès à toutes leurs données, y compris leurs brevets, pour des raisons de sécurité nationale. Cela affecte donc gravement le climat des affaires.

>> Retrouver l'entretien sur le site Le Soir

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri