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En Chine, la résistance des religions

Interventions médiatiques |

cité par Jean-Christophe Ploquin dans

  La Croix
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Le président chinois Xi Jinping ne veut pas que son pays dépende d’influences étrangères. Il exerce une forte pression sur les religions pour qu’elles se plient à l’idéologie communiste officielle. « Si loin, si proches », la chronique internationale de Jean-Christophe Ploquin, rédacteur en chef.

Contenu intervention médiatique

Les Jeux olympiques d’hiver vont bientôt ramener les projecteurs sur Pékin. Le contraste sera saisissant avec les célébrations conquérantes des JO d’été de 2008 dans la même ville. Les autorités souhaitaient pourtant rééditer leur coup. Sous la férule du dirigeant suprême Xi Jinping, au pouvoir depuis 2012, l’ambition était d’afficher la force, voire la supériorité du modèle de développement chinois. Mais la pandémie de Covid-19 maintiendra les milliers de participants sous cloche. Les échanges avec la population seront quasi nuls. La stratégie « zéro Covid » s’ajoutera au contrôle obsessionnel que le Parti communiste exerce sur la société. Le pays est en effet tombé dans les griffes d’un régime de nature dictatoriale qui entend régner sur tout et tous, y compris sur les esprits.

Censure, surveillance électronique via l’intelligence artificielle, crédit social récompensant ou pénalisant les habitants, endoctrinement, rééducation patriotique… Xi Jinping veut tirer le pays à marche forcée vers un statut de superpuissance incontesté et le faire renouer avec un passé présenté comme glorieux. Il a pris le contrôle direct des principaux leviers du pouvoir, réaffirmé le Parti communiste dans un rôle de dirigeant absolu, durci l’idéologie marxiste tout en cultivant le nationalisme, et réprimé toute dissidence. La société civile est bloquée, les médias sont muselés, le cyberespace est sillonné par les mouchards, les références aux droits de l’homme ou à la démocratie sont jugées subversives et pourchassées. Le « rêve chinois » qu’il invoque, la renaissance d’une nation héritière d’une grandiose civilisation multimillénaire, n’est atteignable selon ses dires que si la Chine maîtrise son socle de références et repousse les valeurs d’un Occident qu’il veut supplanter et discréditer.

 

Cette volonté de fer s’applique aussi envers les religions, explique un récent ouvrage consacré au sujet. Claude Meyer, son auteur, montre que Xi Jinping entend « siniser » le christianisme, assimilé à l’impérialisme occidental. Là aussi, le Parti communiste est chargé de la reprise en main. Son monopole doit s’exercer sur les esprits, voire sur les âmes. Son rôle est de « guider l’adaptation des religions à la société socialiste chinoise ».

Depuis 2018, chacune de celles qui sont officiellement reconnues a dû adopter un plan quinquennal d’adaptation aux « caractéristiques chinoises ». Pour le christianisme, un projet de nouvelle « traduction » annotée de la Bible vise à le rendre théologiquement plus conforme aux fondamentaux du régime. Claude Meyer décrit un Parti communiste démiurge à qui il reviendrait de combler les besoins spirituels du peuple et d’« extirper la foi en Dieu pour la remplacer par la foi dans le Parti ». Envers les Ouïghours musulmans et les Tibétains bouddhistes, l’oppression va jusqu’à la planification de l’éradication de leur culture.

Heureux constat : cette stratégie implacable ne semble pas rencontrer les succès escomptés. Les religions font preuve de résilience, voire de résistance, et Claude Meyer n’hésite pas à envisager qu’en 2030, la Chine soit le pays comptant le plus grand nombre de chrétiens dans le monde ! Encore plus insaisissable que le Covid, l’étincelle spirituelle ne veut pas s’éteindre.

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Claude MEYER

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Anciennement Conseiller au Centre Asie de l'Ifri