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En Chine, la natalité menacée par l’ancienne politique de l’enfant unique

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cité par Léa Masseguin dans

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La Chine ne parvient pas à augmenter le nombre de naissances. Les récentes statistiques officielles indiquent que les naissances sont au plus bas depuis au moins quarante ans. La population devrait chuter de 50% d’ici à la fin du siècle.

 

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Les efforts effrénés de Pékin ne suffisent pas à ralentir la crise démographique qui se profile en Chine. Le taux de natalité n’y a jamais été aussi bas depuis au moins 40 ans. Les données publiées ce mercredi par le Bureau national de statistiques indiquent que 8,5 naissances ont eu lieu pour 1 000 personnes en 2020, contre 10,41 l’année précédente. Un chiffre en quasi-constante diminution depuis l’arrivée au pouvoir du régime communiste il y a soixante-dix ans, qui pourrait menacer la vitalité économique de la nation la plus peuplée du monde (1,4 milliard d’habitants).

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette chute spectaculaire que rien ne semble pouvoir enrayer. Durant près de quatre décennies, la Chine, qui se rapprochait du milliard d’habitants à la fin des années 70, a mis en place une politique coercitive de l’enfant unique pour limiter sa démographie galopante. Une mesure qui a permis d’éviter des centaines de millions de naissances, en raison, dans certains cas, de stérilisations et d’avortements forcés, mais qui a entraîné un vieillissement accéléré de la population. L’assouplissement de cette politique, permettant aux couples d’avoir deux enfants en 2016, puis trois cette année, n’a pas eu les effets espérés par les autorités. Pas plus que l’annonce controversée, fin septembre, de vouloir réduire le nombre d’avortements.

La politique nataliste de Pékin a finalement eu l’effet inverse d’un nouveau «baby-boom» recherché. Les résultats du dernier recensement, publiés en mai, indiquaient que le taux de fécondité (1) de la Chine s’élevait à seulement 1,3, soit l’un des plus bas au monde (environ 1,9 en France). La plupart des couples chinois sont de plus en plus réticents à l’idée d’avoir des enfants, en raison du coût considérable que représentent l’éducation ou les activités périscolaires. La politique de l’enfant unique a, en effet, poussé les familles à concentrer toutes leurs ressources sur leur progéniture. «La prospérité économique de la Chine n’est plus d’actualité. Entre la sécurité sociale inexistante, l’absence de retraite, le prix exorbitant du logement, de l’éducation, ou des soins, les ménages préfèrent épargner en cas d’éventuels accidents plutôt que faire un deuxième enfant», analyse Marc Julienne, spécialiste de la Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

La prospérité économique de la Chine n’est plus d’actualité. Entre la sécurité sociale inexistante, l’absence de retraite, le prix exorbitant du logement, de l’éducation, ou des soins, les ménages préfèrent épargner en cas d’éventuels accidents plutôt que faire un deuxième enfant.  Marc Julienne, spécialiste de la Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri)

Plus de célibataires, moins de mariages

La politique de contrôle des naissances a par ailleurs laissé une empreinte indélébile sur la société, y compris les nouvelles générations. Beaucoup n’ont connu que l’époque où ce modèle familial était la norme et ont du mal à s’en détacher. «Grandir en tant qu’enfants uniques nous a profondément marqués – et nous portons cette empreinte encore aujourd’hui, en particulier dans nos propres décisions en matière de procréation», écrivait début novembre Helen Gao, une écrivaine basée à Pékin, dans le magazine américain Foreign Policy. Elle y décrit comment ce modèle familial s’est établi «si fermement dans la conscience de [sa] génération que ceux qui envisagent un deuxième ou un troisième enfant ont souvent du mal à concevoir comment ils pourraient le gérer».

La Chine fait également face à une explosion du célibat. Selon certains spécialistes, plus d’une femme urbaine sur trois est encore célibataire à l’âge de trente ans, en particulier les plus diplômées. Le nombre de mariages s’est de son côté effondré, tombant au plus bas depuis près de deux décennies, avec seulement huit millions d’unions célébrées en 2020.

732 millions d’habitants en 2100

Pékin pourra-t-il échapper au déclin démographique ? Le Financial Times avait révélé en avril que la population chinoise avait diminué en 2020, ce qui aurait constitué une première depuis la grande famine du début des années 60. Les résultats du recensement, publiés avec un mois de retard, avaient finalement contredit ces estimations, révélant que la population avait augmenté de 72 millions d’habitants en dix ans.

Mais alors que le rythme de croissance ne cesse de ralentir, la Chine pourrait atteindre le «tournant historique vers la croissance démographique négative plus tôt que prévu», avait alerté le site économique chinois Caijing Xinzhi, début septembre. Selon un rapport publié dans la revue The Lancet en septembre 2020, la population devrait chuter de 1,4 milliard en 2017 à 732 millions d’ici 2100. «C’est un cercle vicieux : les défis économiques colossaux de la Chine pèsent sur sa démographie, qui aura elle-même des conséquences désastreuses sur l’économie», met en garde Marc Julienne.

C’est un cercle vicieux : les défis économiques colossaux de la Chine pèsent sur sa démographie, qui aura elle-même des conséquences désastreuses sur l’économie. Marc Julienne, spécialiste de la Chine à l’Institut français des relations internationales (Ifri)

 
(1) Le taux de fécondité représente le nombre moyen d’enfants par femmes en âge de procréer, contrairement au taux de natalité qui représente le nombre de naissances par an pour 1 000 habitants.

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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