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En Chine, ce Congrès qui rapproche Xi Jinping de Mao

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entretien avec Claire Tervé pour le

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Ce 16 octobre s’ouvre le Congrès du Parti communiste chinois qui doit donner à Xi Jiping un troisième mandat inédit depuis la période de Mao Zedong. C’est un grand jour pour la Chine, ce dimanche 16 octobre, alors que doit s’ouvrir le congrès du Parti communiste chinois.

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Le président chinois Xi Jinping lors de sa conférence de presse, Berlin - le 5 juillet 2017
Le président chinois Xi Jinping lors de sa conférence de presse, Berlin - le 5 juillet 2017
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Un événement lors duquel le président Xi Jinping devrait obtenir un troisième mandat inédit de Secrétaire général du PCC. Ce conclave quinquennal, le 20e depuis la création du PC chinois en 1921, devrait également déboucher sur une recomposition du comité permanent du tout-puissant Bureau politique qui détient la réalité du pouvoir en Chine.

Un événement doté d’une forte symbolique qui marque un tournant dans la vie politique chinoise, car la dernière fois qu’un dirigeant chinois a dépassé la limite des deux mandats à ce poste, c’était il y a quarante ans avec un certain Mao Zedong.

Et c’est justement de ce dernier que Xi Jinping essaie de se rapprocher depuis qu’il a accédé au pouvoir il y a dix ans.

Pour Marc Julienne, responsable des activités Chine à l’Ifri interrogé par Le HuffPost, c’est un événement est « exceptionnel et spectaculaire ». Xi Jinping va en effet ressortir de ce congrès avec les pleins pouvoirs « comme aucun dirigeant ne les a eus depuis Mao ».

Après ce Congrès, quelle va être l’étendue des pouvoirs de Xi Jinping ?

Lors du congrès de l’automne 2012, Xi Jinping a été élu Secrétaire général du Parti Communiste Chinois (PCC) et président de la commission militaire centrale ; c’est l’organe suprême qui contrôle les forces armées. Puis en mars 2013, il a aussi été élu président de la République populaire de Chine. Ce sont ces trois rôles qui sont les plus importants. Lors de ce congrès, il va, a priori, conserver son poste à la tête du parti et de l’armée.

Toutefois, il subsiste une incertitude sur le rôle réel qu’il aura à la tête du parti car il peut décider de s’extraire du PCC pour obtenir le grade au-dessus de secrétaire général. Il peut en effet décider de se placer au-dessus des institutions, en devenant Président du PCC, titre que seul Mao s’est octroyé. C’est ici la seule inconnue qu’on a dans ce Congrès.

Tout ceci n’était pourtant pas censé arriver avec les dispositions prises après la période Mao...

En effet, après les dérives funestes de la période maoïste – les millions de morts, une économie exsangue et une écologie ravagée – Deng Xiaoping a lancé une réforme économique du pays et une réforme interne au PCC afin d’établir des garde-fous et éviter ce genre de dérives. Il a mis en place la direction collégiale du Parti, afin d’instaurer un certain équilibre entre les différents courants idéologiques. Il a fixé une limite tacite à deux mandats pour le secrétaire général du PCC et la limite d’âge à 68 ans, afin d’empêcher le retour d’un dirigeant tout-puissant et indéboulonnable ainsi que le culte de la personnalité.

Qu’a fait Xi Jinping pour contrer ces garde-fous ?

Il les a détricotés. Il a commencé par la direction collégiale. Depuis dix ans, dans le cadre de sa campagne de lutte contre la corruption, il écarte les dirigeants qui divergent de sa ligne et place ses fidèles à des postes stratégiques. Il a ensuite entrepris d’affaiblir l’État et de renforcer le PCC lors d’une vaste réforme des institutions en 2018. De nombreuses prérogatives de l’État ont été transférées à des organes du PCC.

Il a également fait retirer de la Constitution la limite à deux mandats pour le président de la République, raison pour laquelle il devrait également rempiler pour un troisième mandat à ce poste en mars 2023. Et bien sûr, il s’apprête à revenir sur la règle tacite des deux mandats à la tête du PCC. Enfin, à l’âge de 69 ans, Xi Jinping a également mis fin à la règle de la limite d’âge. Il est aujourd’hui en mesure de remettre cause toutes les règles établies, et d’en édicter à sa guise.

Certains le considèrent comme le prochain Mao, la comparaison est-elle pertinente ?

C’est vrai qu’il y a une certaine filiation entre les deux hommes, et que Xi Jinping s’inscrit sciemment dans les pas de Mao. Comme le Grand Timonier, il a fait inscrire sa « pensée » dans la Constitution. Celle-ci est désormais un enseignement obligatoire de l’école primaire jusqu’à l’université. Elle est également obligatoire pour les cadres du PCC et les journalistes des médias officiels qui doivent régulièrement potasser l’application dédiée, « Étudier Xi », qui n’est pas sans rappeler le petit livre rouge de Mao. Xi Jinping publie aussi régulièrement des recueils de ses discours. Tout ceci participe d’un nouveau culte de la personnalité.

Mais la comparaison a ses limites. Par exemple, ils n’ont pas le même caractère : alors que Mao était un impulsif qui était prêt à provoquer le chaos dans la société pour des gains politiques personnels, Xi Jinping est plus un stratège froid et méthodique obsédé par l’ordre.

Une autre différence déterminante est que Xi dispose des nouvelles technologies de surveillance dont Mao n’aurait pas osé rêver : reconnaissance faciale et vocale, surveillance des réseaux, intelligence artificielle, crédit social… On est d’ores et déjà dans un système quasi-orwellien et peut-être en sommes-nous qu’à ses débuts.

 

> Retrouvez l'article sur le site du Huffington Post

 

 

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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Le président chinois Xi Jinping lors de sa conférence de presse, Berlin - le 5 juillet 2017
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