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Emmanuel Macron au Japon pour consolider l’axe indo-pacifique

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citée par Brice Pedroletti dans

  Le Monde
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Emmanuel Macron est arrivé mercredi 26 juin à Tokyo pour sa première visite officielle au Japon. L’Archipel est un partenaire privilégié de la France en Asie avec lequel Paris souhaite consolider sa coopération stratégique, économique et technologique. Un nouveau « plan d’action à cinq ans » regroupant tous ces domaines devrait être adopté à la fin de la visite. Le président français devait être reçu mercredi par le premier ministre Shinzo Abe pour une cérémonie officielle, un entretien et un dîner.

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Emmanuel et Brigitte Macron seront aussi accueillis, jeudi 27 juin, pour un déjeuner avec le nouvel empereur Naruhito et son épouse, faisant du chef de l’Etat français le deuxième dirigeant occidental reçu de la nouvelle ère impériale, « Reiwa », inaugurée le 1er mai, après l’Américain Donald Trump.

Paris et Tokyo affichent une vision commune en matière de défense du multilatéralisme, avant le G20 d’Osaka, les 28 et 29 juin. C’est un sommet important pour l’Elysée car le G7 qui suit, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) en août, est organisé par la France.

Décrit côté français comme un « partenaire d’exception », le deuxième de la France en Asie pour les échanges commerciaux – mais premier investisseur asiatique dans l’Hexagone –, le Japon a un rôle clé aux côtés de l’Inde et de l’Australie dans le projet de Paris de renforcer un « axe indo-pacifique » qui a fait l’objet d’un discours-cadre d’Emmanuel Macron lors de sa visite à Sydney en Australie en mai 2018.

Il y avait insisté sur l’importance de « préserver un développement qui repose sur des règles » et « les équilibres de la région », et éviter une « hégémonie » – une notion qui renvoyait sans la citer à la puissance montante de la région, c’est-à-dire la Chine.

La France, puissance résidente

La France se considère comme une puissance résidente de l’Indo-Pacifique, grâce à ses 1,5 million de citoyens répartis entre la Polynésie, la Réunion et la Nouvelle-Calédonie et aux vastes zones économiques exclusives auxquelles ses territoires lui donnent droit. Quelque 7 000 hommes y sont déployés, en incluant la base de Djibouti. Le partenariat avec le Japon, selon l’Elysée, « aura trois piliers pour l’essentiel, les questions de sécurité, les questions d’infrastructures et les questions d’environnement et de biodiversité ».

Paris et Tokyo organisent déjà, depuis 2014, des rencontres annuelles entre leurs ministres des affaires étrangères et de la défense. Un accord signé entre les deux gouvernements relatif au transfert d’équipements et de technologies de défense est aussi entré en vigueur fin 2016, suivi par un accord d’acquisition et de soutien logistique en 2018, ouvrant la voie à des exercices conjoints plus ambitieux. Enfin, la cinquième session des consultations politico-militaires ministérielles, qui s’est tenue à Brest en janvier, a conduit à la décision de lancer un nouveau dispositif de dialogue sur les questions maritimes.

  • Cette coopération franco-japonaise en matière de sécurité est le produit de deux tendances, souligne Céline Pajon, responsable de l’Archipel à l’Institut français des relations internationales (IFRI) : « Les Japonais sont engagés dans une démarche graduelle de diversification de leur alliance de sécurité avec les Etats-Unis. A la fois à la demande de ces derniers, et dans le cadre de la quête d’une défense plus autonome. La France, elle, cherche à élargir ses engagements sécuritaires en Asie. »

« Petite méfiance des Japonais »

Le premier ministre japonais s’attribue d’ailleurs la paternité du concept d’« Indo-Pacifique », évoqué dès 2007 lors d’un discours au Parlement indien. Les Etats-Unis s’y sont ralliés sous la présidence de Donald Trump. « Mais la France tient à sa propre stratégie indo-pacifique, qu’elle veut libre et autonome et centrée sur le soutien aux grands principes comme la liberté de navigation », poursuit la chercheuse.

Si Paris est sur la même longueur d’onde que Tokyo par rapport à la dénucléarisation complète de la Corée du Nord, elle est plus ambivalente vis-à-vis de Pékin.

  • « Même si le Japon est aujourd’hui dans une perspective de réchauffement avec la Chine, il reste bien plus frontal. La France se veut plus inclusive, sur le mode d’une troisième voie entre Chine et Etats-Unis. Et il subsiste toujours une petite méfiance des Japonais vis-à-vis des positions françaises », explique Céline Pajon.

Le Japon avait ainsi mal réagi à la vente par DCNS en 2013 de grilles d’appontage pour hélicoptères à la Chine une technologie duale exemptée de l’embargo sur les ventes d’armes européennes à Pékin. Un comité de contrôle mutuel des exportations d’équipements de défense avait été mis en place pour rassurer Tokyo sur les exportations françaises d’équipement vers la Chine. Si Paris a ancré ses partenariats stratégiques avec l’Inde et l’Australie sur de juteux contrats d’armement, il peine à concrétiser des ventes sur l’Archipel, très lié au complexe militaro-industriel américain.

 

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Céline PAJON

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Chercheuse, responsable de la recherche Japon et Indo-Pacifique, Centre Asie de l'Ifri

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