Élections européennes : l’Europe tourne à droite
La coalition actuelle dans l’Union, formée de la droite (le PPE), de la gauche (S&D) et du groupe Renew, a de bonnes chances d’être reconduite. Mais l’extrême droite pourrait désormais exercer une influence importante sur la politique de l’Union européenne (UE).
À Bruxelles, c’est le grand enseignement de la soirée de ce dimanche 9 juin au soir : l’Europe post-9 juin penchera encore plus fortement à droite. D’abord, le Parti Populaire européen (PPE, droite) demeurera sans surprise la première force du prochain Parlement européen. Selon les résultats avant 23h30, le groupe conservateur auquel appartiennent les LR Français s’arroge 186 des 720 sièges que comptera l’hémicycle strasbourgeois lors des cinq prochaines années (contre 180 jusque-là). Le gros des troupes du PPE proviendra de la CDU-CSU allemande, la famille politique de l’ex-chancelière Angela Merkel, du Parti Populaire (PP) espagnol, et de la Plateforme civique en Pologne, menée par le Premier ministre, ancien président du Conseil européen, Donald Tusk.
Il faudra néanmoins compter avec les sociaux-démocrates du groupe S&D, qui se maintiennent à une solide deuxième position avec 133 sièges (139 dans la précédente mandature). Si le groupe de centre gauche, que l’on a longtemps annoncé en difficulté, résiste, il le doit en partie aux 14 % de la liste française portée par Raphaël Glucksmann, et plus encore, au bon score des socialistes espagnols du PSOE et à la performance du Parti Démocratique italien.
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En Allemagne, les conservateurs de la CDU-CSU reviennent en force
Très pénible soirée pour le chancelier Olaf Scholz. Les Allemands auront donc largement utilisé les européennes pour sanctionner le social-démocrate et l’impopulaire coalition gouvernementale qu’il dirige, dans un contexte de doutes profond sur la viabilité du modèle économique de leur pays. Son parti, le SPD, récolte un très maigre 14 %, quand les Verts, deuxième membre de la coalition, sont aussi à la peine, avec 12 %. Les libéraux du FDP, dernier parti au gouvernement, sont, eux, carrément en chute libre, à 5 %. A contrario, les très bonnes affaires sont réalisées à droite. À un an des prochaines législatives, les conservateurs de la CDU-CSU, éjectés du pouvoir en 2021, reviennent en force : ils écrasent le scrutin avec 29,5 % des voix.
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Mais « hors échelle régionale, il s’agit du meilleur résultat de l’AfD jusqu’à présent, avec une hausse d’environ de 5 % par rapport à 2019 », résume Jeanette Süẞ, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri). « L’AfD dit que cela traduit un euroscepticisme grandissant parmi les Allemands. Mais, si une grande partie de son électorat souhaite en effet réduire le pouvoir de l’UE, la faible popularité de la coalition a aussi beaucoup joué. L’attachement des Allemands à l’UE est d’ailleurs plutôt en progrès, à l’un des plus hauts niveaux parmi les Vingt-Sept », poursuit cette chercheuse experte de la politique européenne de l’Allemagne.
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