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Élections en Allemagne : Alice Weidel, la « dame de fer » anti-immigration et libérale de l’AfD

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cité par Margot Ruault dans

  La Tribune
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Le 23 février, les Allemands se rendront aux urnes à l’occasion des élections fédérales anticipées. Le parti d'extrême droite AfD arriverait pour l'instant en deuxième position d'après les sondages, juste derrière la CDU. La Tribune revient sur le programme de sa candidate.

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Alice Weidel, présidente du groupe parlementaire de l'AFD, lors d'une conférence de presse au Bundestag allemand. Berlin, Allemagne, 16 janvier 2024.
Alice Weidel, présidente du groupe parlementaire de l'AFD, lors d'une conférence de presse au Bundestag allemand. Berlin, Allemagne, 16 janvier 2024.
Juergen Nowak/Shutterstock
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Par qui seront occupés les 640 sièges du Bundestag, l'assemblée parlementaire allemande ? Si le parti conservateur, la CDU, dirigé par Friedrich Merz, est, pour le moment, en tête avec environ 30 % des suffrages selon les sondages, il est talonné par Alternative pour l'Allemagne (Alternative für Deutschland, AfD). Le parti d'extrême droite arriverait, en effet, en deuxième position, crédité de près de 20 % des voix.

À la tête de l'AfD : Alice Weidel. Cette docteur en économie et ancienne banquière chez Goldman Sachs de 45 ans a réussi à gravir les échelons du parti populiste. C'est la toute première fois, depuis sa création en 2013, qu'une femme représente ainsi l'AfD aux élections fédérales.

Élue depuis 2017 au Bundestag, celle que l'on surnomme la « dame de fer » en référence à Margaret Thatcher, qu'elle admire, ou encore la « princesse de glace » (Eisprinzessin), a même bénéficié du soutien du milliardaire Elon Musk. Le parti étant, selon lui, « le meilleur espoir pour l'Allemagne ». Viktor Orban, le sulfureux Premier ministre hongrois, a, de son côté, estimé que la codirigeante de l'AfD était le « futur » du pays germanique.

Un parti national libéral

Contre toute attente, le parti se démarque par une ligne libérale. 

« Le programme est national libéral, avec un abaissement des taxes et de la fiscalité et une moindre intervention de l'État », pointe, en effet, Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri. Dès sa création en 2023, « c'était un parti composé de professeurs et d'économistes très conservateurs de l'Ouest allemand avec l'idée qu'il fallait revenir à une économie libérale sociale de marché », complète l'expert. Le parti a notamment été créé comme une alternative à la CDU, représentée par l'ancienne chancelière Angela Merkel.

Dans son programme, l'AfD indique notamment vouloir éliminer les barrières commerciales. Il souhaite également conserver le frein à l'endettement et réduire les dépenses étatiques. Concernant les taxes, le parti veut supprimer l'impôt sur la fortune.

Une ligne totalement en accord avec Alice Weidel. Issue d'un milieu aisé de l'Allemagne de l'Ouest, elle a, d'ailleurs, été membre du parti libéral FDP avant de rejoindre l'AfD à ses débuts. 

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« Elle a le profil typique d'un membre du FDP, très libérale à la fois sur les questions économiques et sur les questions de sociétés », complète Paul Maurice.

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Paul MAURICE
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Une ligne anti-immigration plus dure

Mais, contrairement aux valeurs du FDP, la codirigeante du parti se démarque par ses positions anti-immigration et anti-islam. Le tournant vers un discours anti-immigration de l'AfD remonte à 2015. Parmi les principales mesures souhaitées par le parti : la limitation du droit d'asile, la réintroduction des contrôles aux frontières allemandes, des expulsions massives, la réduction des avantages sociaux pour les réfugiés, etc. L'AfD souhaite par ailleurs rendre plus difficile la naturalisation, même pour les enfants qui seraient nés sur le territoire allemand.

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Contre l'Union européenne


Autre cheval de bataille du parti d'extrême droite : la sortie de l'Allemagne de l'Union européenne. Le parti reproche à Bruxelles une « dédémocratisation », une « centralisation, une surréglementation et une économie planifiée illégitime ». Il milite davantage en faveur d'une « fédération des nations européennes ». « Nous voulons à nouveau des États-nations responsables et souverains, qui vivent ensemble dans la liberté et l'autodétermination », précise le programme porté par Alice Weidel.

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Une chancellerie hors de portée

« La princesse de glace » a cependant très peu de chance de devenir chancelière ou même vice-présidente du Bundestag. Ce en raison du « pare-feu » allemand (« Brandmauer »). Un principe qui consiste pour les partis traditionnels à ne pas s'associer à l'extrême droite. Une coalition entre cette dernière et la droite paraît donc peu probable, même si ce pare-feu a volé en éclat fin janvier, pour la première fois depuis 1945, après l'adoption d'un texte anti-immigration par le parti avec la CDU. Friedrich Merz, le chef des conservateurs, a toutefois assuré de nouveau qu'il excluait toute coopération avec le parti.

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Néanmoins, si le parti remporte 20 % des voix, « il va davantage compter, et avoir plus de députés, surtout si c'est le deuxième groupe parlementaire au Bundestag, donc le premier groupe d'opposition », estime Paul Maurice. « L'extrême droite va peser, mais elle n'aura pas de rôle politique au sens strict », conclut-il.

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Alice Weidel, présidente du groupe parlementaire de l'AFD, lors d'une conférence de presse au Bundestag allemand. Berlin, Allemagne, 16 janvier 2024.
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