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Election municipale à Istanbul: "Cette victoire de l'opposition démontre une érosion de l'aura de Recep Tayyip Erdogan"

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citée par Ghizlane Kounda sur la

  RTBF
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En Turquie, l'ancien Premier ministre Binali Yildirim, candidat de l’AKP (le parti nationaliste au pouvoir) a donc été sèchement battu par un candidat de l’opposition à l’élection municipale, hier à Istanbul. Ekrem Imamoglu, candidat du Parti républicain du peuple (CHP, laïque), a obtenu 54,21% des suffrages. Une avance nettement plus conséquente que lors de la précédente victoire, le 31 mars dernier.

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L’élection avait été annulée à la demande du parti AKP pour irrégularités présumées. L'opposition avait alors dénoncé un "putsch contre les urnes", présentant le nouveau scrutin comme une "bataille pour la démocratie".

"C’est une victoire historique et pas seulement symbolique", analyse Dorothée Schmid, chercheuse à l’IFRI (l’Institut français des relations internationales), "puisque l’AKP était au pouvoir depuis 25 ans à Istanbul. Et puis désormais, Istanbul et Ankara, la capitale économique et la capitale administrative sont aux mains de l’opposition".

Le Conseil électoral suprême n'a pas encore annoncé les résultats officiels, mais le président Recep Tayyip Erdogan a d'ores et déjà félicité Ekrem Imamoglu pour sa victoire. Binali Yildirim lui a souhaité bonne chance en tant que maire.

Dans la soirée d’hier, des dizaines de milliers de partisans d'Ekrem Imamoglu ont fêté la victoire dans les rues d'Istanbul.

Un sérieux camouflet pour Recep Tayyip Erdogan

"C’est un camouflet pour Recep Tayyib Erdogan", ajoute encore Dorothée Schmid, "cela démontre une érosion de l’aura de Recep Tayyip Erdogan. Une lassitude de son électorat. Et ce qui est important à noter, c’est l’écart de voix entre le premier scrutin et celui d’hier : 13 000 voix d’écart entre les deux candidats contre près de 800 000. Cela signifie qu’il y a aussi des électeurs de l’AKP qui ont voté très probablement pour le candidat de l’opposition".

De nombreux observateurs s'attendent à un remaniement ministériel à Ankara ainsi qu'à des ajustements diplomatiques. La déconvenue d'Erdogan, qui s'était beaucoup impliqué dans campagne pour la mairie d'Istanbul, pourrait également entraîner des législatives anticipées. Le scrutin est pour le moment prévu pour 2023.

"Etant donné l’écart de voix entre les deux candidats, à cette élection, il semble difficile de contester les résultats. En revanche, il ne faut pas oublier qu’au Conseil municipal d’Istanbul, l’AKP reste majoritaire. Ses membres auront donc les moyens de mettre les bâtons dans les roues du maire d’Istanbul. Ils n’auront probablement pas une politique extrêmement coopérative pour la gestion de la ville".

Une stratégie de rassemblement vs. un discours clivant

"Pour la première fois depuis longtemps, le Parti républicain du peuple a réussi à monter une alliance avec des dissidents du parti nationaliste de l’AKP et aussi avec le soutien des kurdes", commente Dorothée Schmid. "Il a réussi à jouer un jeu stratégique dans le paysage politique turc, et à ne pas se laisser affaiblir par ce bloc monolithique de l’AKP. Ekrem Imamoglu a mené une campagne astucieuse, avec une stratégie de rassemblement, tandis que Binali Yildirim, ancien Premier ministre, est apparu plus essoufflé ; de plus, celui-ci a certainement souffert de la présence de Tayyip Erdogan qui s’est très fort investi dans la campagne, en tenant un discours clivant, en insultant le candidat de l’opposition".

 

 > Lire l'article sur le site de la RTBF

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Dorothée SCHMID

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Responsable du programme Turquie/Moyen-Orient de l'Ifri