Deuil national en Tanzanie, mort du président covidosceptique Magufuli
Le chef de l’Etat, qui niait l’épidémie de coronavirus, est officiellement décédé des suites de «problèmes cardiaques», quelques mois après sa réélection. La vice-présidente, Samia Suluhu Hassan, doit prendre sa succession.
Depuis le mois de juin 2020, le virus du Covid-19 a officiellement été éradiqué de Tanzanie. Le président John Magufuli l’avait décrété après trois jours de prière nationale. Hélas, Dieu, ou le chef de l’Etat, n’ont pas été assez clairs. On continue – secrètement – à mourir du coronavirus en Tanzanie. Mercredi soir, la vice-présidente, Samia Suluhu Hassan, le visage voilé de noir, a annoncé à la télévision nationale le décès de John Magufuli, 61 ans. Officiellement des suites de «problèmes cardiaques» dont il souffrait «depuis dix ans». Mais son principal opposant, Tundu Lissu, en exil en Belgique, affirme qu’il est «mort du corona […] mercredi de la semaine dernière». Depuis trois semaines, l’énergique chef de l’Etat avait disparu sans explication de la vie publique.
[...]
«Ses discours se sont articulés autour d’un nationalisme des ressources économiques, salué par une grande partie de la population», rappelle Sina Schlimmer, chercheuse au Centre Afrique subsaharienne de l’Ifri.
«Les prochaines semaines vont être révélatrices de l’impact que Magufuli a eu sur le CCM. Il avait utilisé son premier mandat pour marginaliser l’opposition et pour assurer le retour à un quasi-régime à parti unique, mais aussi pour centraliser le pouvoir au sein du CCM, explique Sina Schlimmer. Samia Suluhu Hassan ne fait pas l’unanimité au sein du parti, et elle pourrait, de plus, être soumise à un contrôle étroit des puissants services de renseignements, qui ont pris encore davantage d’ampleur sous Magufuli.»
Un début de mandat semé d’embûches pour celle qui s’apprête à devenir la première femme musulmane à la tête d’un Etat africain (par ailleurs à majorité chrétienne). Elle doit diriger le pays jusqu’au terme prévu du mandat présidentiel, en 2025.
> Retrouvez l’interview sur Libération
Média
Partager