Des missiles occidentaux pour frapper la Russie : Paris lève le tabou
Emmanuel Macron a franchi un nouveau cap dans le soutien militaire à l’Ukraine. Ce mardi 28 mai, le chef de l’État s’est dit prêt à lever le véto qui interdit l'utilisation d’armes occidentales pour frapper le sol russe.
Un enjeu stratégique
Pour Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales et spécialiste des questions d’armements, nous sommes à "un moment pivot". En soutenant cette proposition, la France rejoint l’Angleterre, la Suède ou encore la Pologne, alors que l’Allemagne et les États-Unis restent dubitatifs sur son bien-fondé. Tactiquement, être en capacité de viser le territoire russe est "indispensable" explique le chercheur.
"Les Ukrainiens l'ont déjà fait avec leurs propres armes contre la base navale de Novorossiïsk, des bases aériennes ou des raffineries. Les Russes attaquent par le nord en envoyant leurs troupes sur le territoire ukrainien mais gardent leur appui feu – canons et lance-roquettes - derrière la frontière pour les mettre à l'abri des ripostes ukrainiennes."
Aussi, l’usage d’armes à longue portée sur ces cibles permettrait d’affaiblir l’offensive russe.
Une guerre avant tout d’équipement
À mesure que la guerre s'éternise, la capacité des Ukrainiens à tenir face aux assauts répétés des Russes, supérieurs en nombre et en équipement, inquiète leurs alliés. Pour autant, l’ascendant matériel russe ne se traduit pas en victoires stratégiques pour le Kremlin, affirme Léo Péria-Peigné. Si leurs avancées sont "indéniables, ils restent très légers au niveau tactique pour progresser dès qu’ils trouvent une opposition en face." Le conflit en cours relève donc avant tout d’une question d’armement. "La Russie est encore assise sur des stocks soviétiques et compte sur les contributions nord-coréennes et iraniennes" lesquelles lui permettent d’économiser des troupes et de maintenir la pression sur Kiev. À ce titre, l’évolution de l'armement, et notamment des drones dans les prochaines années, sera déterminante dans le rapport de force, assure le chercheur.
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