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De par le monde : Une Amérique fasciste ?

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Les États-Unis risquent-ils de céder à une dérive totalitaire incarnée par Donald Trump ?

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L’éditorialiste Robert Kagan, ancien conseiller de l’administration Bush, vient de publier dans le Washington Post un article intitulé « Comment le fascisme arrive en Amérique ». Il y déclare voir dans le candidat républicain à la présidence Donald Trump un modèle de chef charismatique agressif et narcissique, nationaliste et xénophobe, typique des mouvements fascistes du XXe siècle. On se souvient du roman de Philip Roth, Le complot contre l’Amérique (2004) dans lequel le romancier imaginait que Charles Lindbergh, l’aviateur aux sympathies nazies, avait été élu à la Maison Blanche en 1941, installant un régime fasciste et s’empressant de signer un pacte de non-agression avec Adolf Hitler. Au moment où « The Donald » semble rattraper sa rivale démocrate Hillary Clinton dans les sondages, il faut cependant nuancer les risques de dérive autoritaire aux États-Unis.

 

Un président Trump se heurterait en effet à de puissants contre-pouvoirs, liés au système des « checks and balances » : le Congrès n’obéit pas au président ; la Cour suprême peut invalider les lois et les décisions exécutives. La liberté de la presse, quant à elle, est garantie par le 1er amendement. L’opinion publique est fortement attachée à ces institutions, tout autant qu’au respect des droits de la personne venu du Bill of Rights de 1789 et au-delà, de la Magna Carta anglaise de 1215. Enfreindre les règles de l’État de droit serait une démarche insensée de la part du président.

 

L’autre rempart contre une possible dictature tient aux origines protestantes du système politique américain. Le libre arbitre et la responsabilité individuelle du croyant se muent ici en individualisme politique. Déjà notée par Alexis de Tocqueville en 1831, l’importance de la vie familiale et de la propriété privée pour les Américains est souvent invoquée pour expliquer l’échec des idées communistes aux États-Unis. Elle vaut aussi face à l’extrême droite : si quelques personnages d’inspiration fasciste ont pu avoir un écho aux États-Unis dans les années 1930, leur succès n’a pas duré. L’individualisme et la soif de prospérité empêchent les foules américaines de croire longtemps en un homme providentiel. Elles reviennent tôt ou tard à ce que George Orwell appelait la décence ordinaire (common decency). Croisons les doigts.

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Laurence NARDON

Laurence NARDON

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Responsable du Programme Amériques de l'Ifri