« Daech au pays des merveilles », un regard nouveau sur la menace terroriste en France depuis le milieu des années 2010
Dans son roman qui mêle fiction et non-fiction, Marc Hecker, directeur adjoint de l'Ifri, revient sur les liens entre le djihadisme, la France et la montée des radicalisations de tous bords depuis une dizaine d'années.
Titre
Introduction
Daech au pays des merveilles démarre en 2013. Les autorités sont prises de court par la radicalisation de centaines d'individus, attirés par la propagande du groupe État islamique en Syrie et en Irak. La situation prend un tour dramatique quand surviennent les premiers attentats sur le sol français. Alors que les responsables politiques cherchent à trouver des parades sécuritaires, les tensions sociales ne cessent de s'aggraver.
Ce récit mêlant fiction et non-fiction invite à réfléchir, de manière originale, aux effets de polarisation engendrés par la multiplication des attaques terroristes. Il tire la sonnette d'alarme sur les fragilités de la France, exacerbées par les extrémistes de tous bords.
Premier roman de Marc Hecker, directeur adjoint de l'Institut français des relations internationales (Ifri), Daech au pays des merveilles est paru le 5 avril 2025 aux Éditions Spinelle. Nous publions ici le début de l'ouvrage.

13 novembre 2013.
La Sorbonne, côté pile : son grand amphithéâtre orné d'une fresque monumentale de Puvis de Chavanne, sa chapelle surmontée d'un dôme majestueux, sa bibliothèque historique aux plafonds dorés, ses statues en marbre et tant d'autres merveilles. La Sorbonne, côté face : ses bureaux délabrés, ses salles de cours bondées, ses toilettes bouchées, ses thésards prolétarisés.
Paul Rivière, major de l'agrégation de science politique en 2001, avait eu le choix entre un poste de professeur à l'École normale supérieure et une chaire à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ne parvenant pas à se décider, il s'était résolu à s'en remettre au destin. Il avait sorti un franc de sa poche et d'un geste assuré, l'avait fait tournoyer dans les airs. La pièce était retombée du côté de la Semeuse – l'avers pour les numismates, plus couramment appelé « face ». C'est ainsi que Paul Rivière avait découvert l'envers du décor de la plus vénérable des universités françaises. Il s'était vu attribuer un minuscule bureau à la peinture écaillée, doté d'une lucarne laissant davantage pénétrer le froid que la lumière.
Douze ans plus tard, l'éminent professeur est assis à ce même bureau. Il marmonne devant son ordinateur hors d'âge, à la recherche de la première phrase du chapitre conclusif de son grand-œuvre : L'Histoire du djihadisme des origines à nos jours. Il s'imagine déjà recevant un prix de l'Académie française et pense à la tournée triomphale qu'il effectuera aux États-Unis pour présenter la traduction anglaise que ne manqueront pas de se disputer les presses universitaires de Stanford et Harvard. Sa rêverie est interrompue par la sonnerie stridente de son téléphone.
— Professeur Rivière, à qui ai-je l'honneur ?
— Monsieur, un journaliste veut vous parler, s'exclame Élodie Ferrante, la nouvelle secrétaire de l'école doctorale.
— CNN ? The New York Times ?
— Non, France Cool, une chaîne de la TNT qui cartonne. Je regarde souvent « Old Stars Eat Burgers », une émission où d'anciennes célébrités de la téléréalité mangent des hamburgers le plus vite possible. Le premier qui vomit gagne 10.000 euros. Trop cool !
— Élodie, ce n'est pas mon genre. Vous devriez le savoir. Monique ne vous a pas briefée avant de partir à la retraite ? Pour moi, c'est France Culture, Le Monde, le JT sur France 2 ou, à la rigueur, BFM… Oubliez France Cool, ce n'est pas de mon niveau !
— D'accord, monsieur.
— Combien de fois devrai-je vous dire de m'appeler monsieur le professeur ?
— Bien, monsieur.
— Au revoir, Élodie.
« Une de nos équipes a réalisé un reportage sur les jeunes Français qui partent faire le djihad en Syrie. Nous aimerions le faire suivre d'un débat avec vous. »
Rivière raccroche le combiné et lève les yeux au ciel, remarquant une nouvelle fissure dans une moulure. Pourquoi lui a-t-on imposé cette jeune écervelée ? Monique était un peu lente, certes, mais au moins avait-elle intégré les hiérarchies sociales et intellectuelles.
Le professeur se replonge dans son travail, mais à peine a-t-il fini de taper le premier mot que la sonnerie du téléphone retentit à nouveau.
— Professeur Rivière, à qui ai-je l'honneur ?
— C'est encore moi, Élodie…
— Écoutez, j'ai besoin de me concentrer. Si vous m'appelez toutes les trente secondes, je ne vais jamais pouvoir terminer mon ouvrage.
— Ah, désolée, mais cette fois, c'est France 2…
— Passez-les-moi !
— Très bien, je vous mets en relation. Une seconde.
En 2000, pour faire moderne, le directeur du département d'orientalisme de la Sorbonne avait fait voter en conseil d'administration le changement de la musique d'attente de tous les téléphones de l'université. Les quatre saisons de Vivaldi avaient ainsi été remplacées par un extrait du concert du millénaire de Jean-Michel Jarre, donné au pied des pyramides de Gizeh. Paul Rivière ne s'y était jamais fait et manquait de s'étrangler à chaque fois qu'il entendait les premières notes d'Oum Kalthoum au synthétiseur.
— Professeur Rivière, à qui ai-je l'honneur ?
— Monsieur le professeur, ici Natacha Toddo de l'émission « Supplément d'information ». Une de nos équipes a réalisé un reportage sur les jeunes Français qui partent faire le djihad en Syrie. Ce reportage sera diffusé ce soir et nous aimerions le faire suivre d'un débat entre vous et Rémy Belleface de l'Institut d'études mondiales. L'enregistrement a lieu dans deux heures. Nous pouvons naturellement vous envoyer un taxi.
— Ah, Belleface… Je ne comprends pas pourquoi vous l'invitez sans arrêt: il ne connaît pas grand-chose au Moyen-Orient et ne parle même pas l'arabe…
— Il est brillant, télégénique et nos téléspectateurs l'adorent !
— Brillant, brillant… Il ne faut pas exagérer. Il n'a même pas eu les félicitations du jury pour sa thèse sur l'action internationale de l'Organisation de libération de la Palestine. Et je sais de quoi je parle : j'étais dans le jury !
— Une émission de télévision, ce n'est pas une soutenance de thèse. Et la dernière fois que vous avez débattu ensemble sur notre plateau, nous avons eu un pic d'audience. Pouvons-nous compter sur vous, monsieur le professeur ?
— Oui, puisque vous insistez… Pour le taxi, 17h, place de la Sorbonne, ce sera très bien.
Rivière n'est plus d'humeur à poursuivre la rédaction de son grand-œuvre. La perspective d'un débat avec Belleface le met dans un certain état d'excitation. Il griffonne quelques phrases assassines dans un petit carnet noir : « Passer vos vacances à Djerba ne fait pas de vous un spécialiste du monde arabe, monsieur Belleface », « monsieur Belleface, au lieu de courir les plateaux de télévision, vous feriez mieux de parcourir mes livres », ou encore « monsieur Belleface, être invité à la mosquée de Paris pour la célébration de la rupture du jeûne du ramadan ne fait pas de vous un islamologue ».
« Aujourd'hui, ces jeunes rejoignent des groupes djihadistes en Syrie, mais dans les années 1980, ils seraient sans doute venus grossir les rangs des terroristes d'extrême gauche d'Action directe. »
En arrivant sur le parvis du studio d'enregistrement de France Télévisions, Rivière est accueilli par une assistante de production qui le conduit immédiatement dans la loge de maquillage. La maquilleuse lui étale du fond de teint, tandis qu'une coiffeuse s'évertue à plaquer un épi avec de la laque. Alors que les deux femmes s'affairent autour du professeur, Rémy Belleface pénètre dans la loge d'un pas assuré :
— Bonjour Rivière, toujours bien entouré à ce que je vois !
— Ah, Belleface, comment vous portez-vous ?
— Pas trop mal, ma foi. Je sors un nouveau livre le mois prochain, le premier sur les filières djihadistes françaises vers la Syrie. Il s'intitule Le djihad bleu blanc rouge.
— Chez quel éditeur ?
— Clair-obscur. C'est une maison récente qui met le paquet sur la com' et la diffusion. Ils espèrent bien en vendre 50.000 exemplaires.
— Moi, je termine mon Histoire du djihadisme des origines à nos jours. Elle sera publiée aux Presses universitaires de France, comme d'habitude. Je n'en vendrai sans doute pas autant: la science marche moins bien que la vulgarisation.
La maquilleuse interrompt l'échange :
— Monsieur Belleface, pourriez-vous vous asseoir, s'il vous plaît ?
— Je sors d'un enregistrement à France Cool. Je ne me suis pas démaquillé en sachant que j'enchaînais avec votre émission.
— Chez France Cool, ils maquillent à la truelle. Vous permettez que je vous arrange un peu ?
— Si vous y tenez…
Quelques instants plus tard, l'assistante de production vient chercher les deux hommes et les conduit sur le plateau. L'émission est enregistrée dans les conditions du direct. Natacha Toddo est déjà en place, assise confortablement dans un fauteuil en satin rouge. Les débatteurs s'installent de chaque côté de la présentatrice. Cette dernière écoute les consignes que lui donne la réalisatrice dans son oreillette. Elle a tout juste le temps de saluer ses invités que le tournage démarre.
— Après ce reportage saisissant sur les Français qui partent faire le djihad en Syrie, nous prolongeons le débat avec deux des meilleurs spécialistes de la radicalisation et du terrorisme : Paul Rivière, professeur d'orientalisme à la Sorbonne et Rémy Belleface, directeur de l'Institut d'études mondiales. Monsieur Belleface, commençons par vous. Dans ce reportage, nous avons suivi le parcours de trois jeunes de Trappes. Il semble que cette banlieue soit particulièrement touchée par le phénomène. Pourquoi ?
— Oui, tout à fait, c'est un des points que j'analyse dans mon ouvrage Le djihad bleu, blanc, rouge qui paraîtra prochainement. Trappes est une ville délaissée par les pouvoirs publics. L'État s'est certes engagé dans un programme de rénovation de l'habitat, mais ça n'a rien changé à la précarité des habitants. On n'achète pas la paix sociale à coups de briques et de peinture. La population est jeune et pauvre. La principale cité demeure enclavée et le taux de chômage avoisine les 20%. Il atteint même 35% pour les moins de 25 ans. Je ne veux pas vous assommer de chiffres, mais il faut comprendre que ces jeunes pensent qu'ils n'ont aucun avenir. Ils se sentent discriminés et ce sentiment n'est d'ailleurs pas dénué de fondements, comme l'a montré une récente étude de l'association “Stop islamophobie”. Alors, quand vous souffrez de l'injustice, vous nourrissez un sentiment de révolte. Aujourd'hui, ces jeunes rejoignent des groupes djihadistes en Syrie, mais dans les années 1980, ils seraient sans doute venus grossir les rangs des terroristes d'extrême gauche d'Action directe. Et à la fin du XIXe, ils seraient peut-être devenus anarchistes.
— Vous voulez dire que la radicalisation n'a rien à voir avec l'islam ?
— Absolument rien. Tous ces jeunes n'ont aucune connaissance religieuse. Un adolescent a récemment été rattrapé in extremis par ses parents alors qu'il s'apprêtait à monter dans un avion pour Istanbul. Il avait un seul livre dans son sac : Le Coran pour les nuls.
— Et il y a aussi beaucoup de convertis parmi ces djihadistes…
— Oui, au moins 25%, ce qui montre bien que cela n'a rien à voir avec l'islam. Ces départs pour la Syrie relèvent plus d'une réaction au mal-être social ou de la crise d'adolescence plus ou moins tardive. Et n'oubliez pas que l'action, ou plutôt l'inaction, de la France dans le conflit syrien est absolument indigne. Dès sa prise de fonctions en 2012, François Hollande a clamé que Bachar el-Assad devait quitter le pouvoir et le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré qu'Assad ne méritait pas de vivre. Il a précisé que le régime devait être abattu rapidement. Mais qu'a-t-on fait ? Rien. Pendant que nous tergiversons, le nombre de civils tués ne cesse d'augmenter. La révolution démocratique s'est transformée en véritable guerre civile qui a déjà fait près de 100.000 morts. Même l'attaque chimique d'août dernier est restée sans réponse. Nous avons tous vu les images de ces dizaines de cadavres d'enfants gazés, alignés dans un entrepôt. Notre pusillanimité est une honte! Ces jeunes Français qui partent combattre le régime criminel de Bachar el-Assad ne comprennent pas notre lâcheté et veulent venir en aide au peuple syrien. Dans certaines cités, ces jeunes, qui pour beaucoup étaient en situation d'échec, sont désormais considérés comme des héros. Ils font des émules.
« À partir du moment où les Britanniques et les Américains ont décidé de ne pas répliquer après l'attaque chimique, la France aurait pris un risque insensé en conduisant seule des frappes de représailles. »
— Professeur Rivière, êtes-vous d'accord avec cette analyse ?
— Mon rôle n'est pas de prendre la défense du gouvernement français, mais la critique à laquelle vient de se livrer monsieur Belleface me semble un peu facile. Le même Belleface est venu sur votre plateau il y a trois semaines pour expliquer à vos téléspectateurs que le chaos en Libye était imputable à l'intervention de l'armée française en 2011. Autrement dit, si la France intervient pour aider des révolutionnaires menacés par les troupes du colonel Kadhafi, elle est accusée d'être une puissance néocoloniale. Et si elle s'abstient d'intervenir dans un autre pays où des activistes sont massacrés par un dictateur sanguinaire, elle est pointée du doigt pour son inaction coupable. Quoi que l'on fasse, on a le mauvais rôle…
— Mais tout de même, vous ne pouvez pas défendre l'impassibilité de notre gouvernement après le massacre chimique qui a eu lieu en août ?
— Encore une fois, je ne suis pas là pour me faire l'avocat de nos responsables politiques, mais il faut comprendre que la situation est extraordinairement compliquée. Nos moyens militaires sont réduits et nos armées sont déjà extrêmement sollicitées, notamment pour lutter contre Al-Qaida et ses alliés au Sahel. À partir du moment où les Britanniques et les Américains ont décidé de ne pas répliquer après l'attaque chimique, la France aurait pris un risque insensé en conduisant seule des frappes de représailles.
— Alors, on laisse Bachar el-Assad massacrer tranquillement son peuple ?, intervient Rémy Belleface.
— Ecoutez, Belleface, il est trop simple de jouer les chevaliers blancs. Comme l'avait remarquablement montré le chercheur Michel Seurat dans les années 1980, la famille Assad tient la Syrie d'une main de fer et gère le pays comme un clan mafieux. Bachar a poursuivi dans la voie de son père qui avait massacré les Frères musulmans à Hama dans l'indifférence générale. Il aura un jour à rendre des comptes pour ses crimes. Mais ne vous laissez pas aveugler par votre romantisme révolutionnaire. Regardez les choses en face: seule une minorité de la rébellion que vous défendez avec tant d'ardeur souhaite la démocratie. La majorité est islamiste et parmi les islamistes, les plus durs se réclament du djihadisme transnational d'Al-Qaida. Faut-il vous rappeler qu'en avril dernier, Abou Bakr al-Baghdadi a annoncé que le Front al-Nosra est une émanation de l'État islamique d'Irak ?
— Holà ! s'exclame la présentatrice, il faut expliquer à nos téléspectateurs qui est Abou Bakr al-Baghdadi et ce qu'est l'État islamique d'Irak…
— Abou Bakr al-Baghdadi, reprend Rivière, est l'émir de l'État islamique d'Irak depuis 2010. Cette entité, créée en 2006, a pris la suite d'Al-Qaida en Irak. Baghdadi est une personnalité charismatique qui est à la fois un intellectuel –il est titulaire d'un doctorat en études coraniques– et un combattant. Au début de la révolution syrienne, il a envoyé un de ses proches, Abou Mohammed al-Joulani, créer un groupe djihadiste en Syrie : le Front al-Nosra. Ce groupe s'est distingué par des attentats suicides spectaculaires et a acquis une certaine notoriété du fait de son efficacité militaire.
Joulani a alors voulu gagner en autonomie, mais Baghdadi s'y est opposé et a annoncé, en avril dernier, l'intégration du Front al-Nosra au sein d'une nouvelle entité : l'État islamique en Irak et au Levant. Le grand chef d'Al-Qaida, Ayman al-Zawahiri, a été amené à trancher la discorde entre les deux hommes. Il a demandé à Baghdadi de rester cantonné à l'Irak et a annoncé que le Front al-Nosra serait la branche officielle d'Al-Qaida en Syrie. Baghdadi a refusé ce verdict et, depuis, une guerre fratricide fait rage entre groupes djihadistes.
— Un Français aurait d'ailleurs été tué dans ces affrontements inter-djihadistes, précise Natacha Toddo.
— C'est possible. La situation est confuse. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que les Français qui sont partis en Syrie pour combattre Bachar el-Assad n'ont pas fait tout ce voyage pour se retrouver à tirer sur d'autres djihadistes. Je ne serais pas surpris que l'on assiste bientôt à une vague de retours. Et il ne faut pas être naïf : parmi les Français qui combattent en Syrie, une partie correspond peut-être au profil décrit par monsieur Belleface, mais une autre partie est composée de militants aguerris de la mouvance Al-Qaida qui auront sans doute pour objectif de commettre des attentats en France.
— Vous êtes un marchand de peur !, lance Belleface. Vous nous aviez servi le même discours il y a dix ans, au moment de la guerre en Irak et il ne s'était rien passé !
— La situation n'était pas comparable, reprend Rivière. Il n'y avait que quelques dizaines de djihadistes français en Irak. Aujourd'hui, il y a déjà plus de 200 Français en Syrie et les départs continuent en dépit des affrontements inter-djihadistes. Davantage de Français sont partis en Syrie au cours des deux dernières années que lors de tous les djihads cumulés des deux décennies précédentes. Rendez-vous compte ! C'est extrêmement dangereux.
— Vous jetez l'opprobre sur tous ces jeunes qui ont le courage de se lever face à la barbarie! Vous êtes en train de faire le jeu de Bachar el-Assad !, assène Belleface.
— C'est vous qui faites le jeu d'Al-Qaida !, rétorque Rivière.
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