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Crise Etats-Unis/Iran : faut-il craindre un effet sur le prix de l’essence en France ?

Interventions médiatiques |

cité par Adelaïde Tenaglia dans

  Le Parisien
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Face à l’escalade des tensions entre les deux pays, l’Iran menace de fermer le détroit d’Ormuz, hautement stratégique pour le commerce mondial de pétrole.

Contenu intervention médiatique

La communauté internationale retient son souffle. Vendredi, Donald Trump a approuvé une opération militaire ciblant des installations iraniennes, avant de se raviser, selon le New York Times. Une escalade dans la crise qui a de quoi inquiéter car une confrontation entre les Etats-Unis et l'Iran pourrait avoir des conséquences sur des pays tiers et un effet jusque dans les stations-service françaises.

Car pour faire pression sur les Etats-Unis, l'Iran menace de bloquer le détroit d'Ormuz, hautement stratégique pour le commerce international de pétrole. Reliant le Golfe persique à la mer d'Oman, il est entouré des Émirats Arabes Unis, Oman, et bien sûr l'Iran, comptant parmi les plus grands producteurs de pétrole.

Couloir de 50 km de large et à peine 60 m de profondeur, le détroit relie les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient aux marchés asiatique, européen et américain. S'il venait à être bloqué, le monde serait privé de 20 % de ses besoins pétroliers. D'où la crainte de certains analystes de voir augmenter les prix du pétrole en cas de crise entre les Etats-Unis et l'Iran.

Un détroit stratégique, mais pas incontournable

Une crainte que ne partage pas vraiment Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre Énergie de l'Ifri (Institut français des relations internationales). D'abord parce que l'Arabie saoudite a les moyens de rediriger une partie de sa production, vers la côte ouest du pays : « 70 % des exportations de l'Arabie saoudite peuvent être déviées vers la mer Rouge, via des oléoducs ».

L'Arabie saoudite reste le plus gros exportateur de la région. En 2017, elle représentait 12,9 % de la production mondiale de pétrole. C'est plus du double de l'Iran (5,4 %), et largement plus que le reste des pays du Golfe, dépendant du détroit d'Ormuz (4,2 % pour les Émirats Arabes Unis, 2,1 % pour le Qatar).

L'autre facteur de pondération concerne les stocks mondiaux de pétrole. « L'Agence internationale de l'énergie, dont fait partie la France, impose à ses membres de détenir au moins trois mois d'importations de pétrole en stock », explique Marc-Antoine Eyl-Mazzega. En cas de blocage du détroit, la pénurie ne serait pas immédiate. Sans compter que le pétrole en provenance du détroit d'Ormuz se destine majoritairement au marché asiatique.

Les pays de l'OPEP doivent se réunir dans les prochains jours

Enfin, les deux épisodes de fortes tensions récents - l'attaque de deux tankers en mer d'Oman, attribuée à Téhéran par Washington, et l'élimination d'un drone américain, que l'Iran accusait d'être entré dans son espace aérien - « n'ont guère fait bondir les prix du pétrole », selon Marc-Antoine Eyl-Mazzega.

Les pays de l'OPEP doivent se réunir dans les prochains jours, pour décider s'ils poursuivent ou non leur politique de restriction de production, entamée l'année dernière. Là, ils devront résoudre un dilemme : poursuivre la restriction pour faire augmenter les prix, « ce dont les pays producteurs ont besoin », explique Marc-Antoine Eyl-Mazzega. Soit maintenir le niveau actuel, pour ne pas risquer de perdre des parts de marché face à d'autres pays producteurs, comme les Etats-Unis, le Nigeria ou la Libye, qui eux n'ont pas l'intention de limiter leur production.

Le directeur de l'énergie à l'Ifri penche plutôt pour la deuxième option : « La principale préoccupation des pays de l'OPEP aujourd'hui est de ne pas perdre davantage de parts de marché », analyse-t-il.

Quant au risque de fermeture du détroit d'Ormuz, seule une crise majeure, profonde et surtout durable (au moins au-delà de trois mois) entre les Etats-Unis et l'Iran pourrait faire craindre une véritable pénurie de pétrole en France, et donc une importante hausse des prix, selon Marc-Antoine Eyl-Mazzega. Mais alors la communauté internationale aurait bien d'autres raisons de s'inquiéter.

 

> Lire l''article sur le site du Parisien

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Marc-Antoine EYL-MAZZEGA

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Directeur du Centre énergie et climat de l'Ifri

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