Corée du Sud : Destitution de Yoon Suk Yeol, manifestations... Décryptage depuis Séoul
Françoise Nicolas, Conseiller auprès du centre Asie de l’IFRI, a répondu aux questions du « HuffPost » au lendemain de cette « attaque contre la démocratie ».
Avis de tempête en Corée du Sud après la loi martiale expresse décrétée par le président Yoon Suk Yeol, désormais dans la tourmente. Le dirigeant conservateur a fait cette annonce mardi 3 décembre avant de rétropédaler six heures plus tard face à la pression du Parlement.
[...]
Une situation particulièrement périlleuse pour Yoon Suk Yeol et qui inquiète dans le pays, mais aussi à l’international. Françoise Nicolas, Conseiller auprès du centre Asie de l’IFRI, actuellement à Séoul, a répondu aux questions du HuffPost. Pour elle, même si, pour l’instant, la situation sur place reste stable, les jours à venir risquent d’être mouvementés.
Après cette loi martiale de quelques heures et son retrait dans la foulée, comment réagissent les Sud-Coréens ?
Françoise Nicolas : Pour l’instant, dans la rue, c’est loin d’être la panique générale. Mais lorsque l’on discute avec eux, c’est l’incrédulité qui prédomine. Ils n’en reviennent pas de ce qui s’est passé cette nuit. Pour certains qui sont âgés, ça leur rappelle de très mauvais souvenirs. C’est une attaque à la démocratie et c’est inacceptable. C’est pour cela que les manifestations pour sa destitution vont continuer. Même s’il y en avait déjà avant cet épisode, elles vont être renforcées désormais.
Même s’il était destitué, ce ne serait pas pour tout de suite…
Françoise Nicolas : Effectivement le problème avec la destitution c’est que ça prend du temps. Il faudra attendre la confirmation de la Cour constitutionnelle, qui aura 180 jours pour statuer. Cela dit, je me demande s’il ne va pas démissionner de lui-même, car il n’est vraiment plus soutenu, même par son propre parti. Ses soutiens les plus proches ont démissionné. Son ministre de la Défense a décidé de porter le chapeau et a proposé sa démission, mais ça ne suffira pas à le dédouaner et le sauver : il est complètement discrédité.
Dans tous les cas, ce qu’il a fait est gravissime. Donc, s’il est destitué, sa carrière sera finie et il fera sûrement de la prison avec la plainte déposée contre lui. En attendant, la mobilisation de la population va s’accentuer dans les jours à venir.
Pourquoi le président a-t-il invoqué la menace nord-coréenne alors que cela n’était pas justifié ?
Françoise Nicolas : Il faut vraiment souligner que cette affaire c’est une histoire de politique interne. Il a invoqué les activités nord coréennes mais il n’y avait pas eu plus d’activité de ce côté-là ces derniers jours. Non, il a juste fait ça à cause de difficultés de politique internes. Et il ne faut pas surinterpréter : ce n’est pas un coup d’État avorté, c’était juste le geste désespéré d’un président empêtré dans ses scandales et qui ne savait plus quoi faire pour sauver sa peau.
Un geste désespéré qui préoccupe tout de même la communauté internationale. Les États-Unis et la Russie se sont inquiétés d’une perturbation dans l’équilibre de la péninsule coréenne…
Oui, ils craignent que cela puisse donner des idées à la Corée du Nord. Son ennemi est fragilisé, donc Pyongyang pourrait vouloir tenter quelque chose, ou envoyer quelques missiles. Elle pourrait même déclarer que cette loi martiale était une provocation envers elle et agir.
[...]
> Retrouver l'article dans son intégralité sur le site de Huffpost.
Média
Journaliste(s):
Format
Partager