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COP28 : un accord réellement inédit ?

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interviewé par Stéphanie Antoine pour

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Certains qualifient l'accord de la COP28 "d'historique", d'autres de "pas en avant", alors que les ONG évoquent "un compromis imparfait". L'accord, adopté par 194 pays par consensus, propose un compromis sur les énergies fossiles. Pour la première fois, il mentionne toutes les énergies fossiles largement responsables du changement climatique.

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 - Thibaud Voïta, est-ce que cet accord est historique ?

"Ce n'est pas la première fois que l'on parle d'un accord historique (...) cela arrive régulièrement que l'on évoque ce terme. Inédit, peut-être... Je pense que cet accord est surtout inattendu. J'étais très pessimiste vu les circonstances, les déclarations des différents pays, la casquette très controversée du président de la COP, Sultan Al Jaber. Mais il y a un point qui est très important dans cet accord, c'est que l'on parle d'une transition NetZero à l'horizon 2050 selon la science. Et NetZero d'ici 2050, c'est plus ambitieux que les programmes de la Chine et de l'Inde, et cela nécessitera des ajustements importants dans leur politique s'ils décident de le suivre."

- L'OPEP annonce que la demande de pétrole connaitra en 2024 "une croissance seine" disent-ils vers un nouveau record de production de pétrole dès 2024. N'est-ce pas en contradiction avec la déclaration de la COP28 et la transition vers un abandon des énergies fossiles ?

"Tout à fait. Il y a de quoi se poser des questions sur l'impact du texte qui a été voté. Puisque la neutralité carbone de la Chine est prévue pour 2060, celle de l'Inde pour 2070, je ne pense pas que le texte qui a été publié par Dubaï va changer leur plan. Alors que va-t-il se passer ? D'autant plus que la Chine continue d'augmenter ses capacités de consommation de pétrole, les États-Unis font de même, l'Inde aussi. Il y a donc un vrai questionnement. Quel va être l'impact de ce traité ? Sachant que pendant tout l'automne, la Chine, l'Inde, les États-Unis, l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis ont annoncé que la réduction, la disparition des énergies fossiles n'étaient pas réalistes. Et in fine, ils signent un consensus. N'est-ce pas un fossé entre ce qui se passe au niveau national et ce qui se passe au niveau global ? C'est un risque énorme."

- Qui du nucléaire qui fait partie des déclarations de cet accord ? Fait-il partie des tentatives de sortie des énergies fossiles ? 

Le nucléaire est un sujet très particulier pour la France, et il est essentiel de considérer son implication à l'échelle internationale. L'utilisation du nucléaire pour décarboner nécessite d'énormes investissements, comme nous l'avons constaté en France avec nos EPR, dont le coût a été multiplié par six ou sept. Ce processus demande du temps, des ressources humaines considérables, et en outre, c'est une solution qui n'est pas accessible à tous les pays.

De plus, il y a la question de la dépendance à l'égard de la Russie, qui est riche en matériaux nécessaires pour le nucléaire, notamment l'uranium. Rosneft continue de fournir différents pays qui ont pris parti pour l'Ukraine dans le conflit, y compris les États-Unis

 

 

> à regarder en intégralité sur France 24

 

 

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Thibaud VOÏTA

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Chercheur associé, Centre énergie et climat de l'Ifri

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