COP26 : lutte contre le réchauffement climatique, le choc des puissances
Les États-Unis et l’Europe cherchent à sortir de la dépendance vis-à-vis de la Chine, qui domine l’offre et la demande mondiale des technologies bas carbone. Entre coopération, compétition et confrontation, la COP26 s’inscrit dans une course à la puissance accélérée par la pandémie de Covid-19.
À la veille de la conférence de Glasgow, les deux superpuissances mondiales, les États-Unis et la Chine – principaux émetteurs de gaz à effet de serre –, se disputent le rôle de leader dans la lutte contre le changement climatique, sans totalement convaincre sur la crédibilité de leurs engagements.
Sous l’impulsion de Joe Biden, les États-Unis se veulent à nouveau des partenaires crédibles, déterminés à assumer leurs responsabilités et à entraîner les autres pays émetteurs. Washington a réintégré l’accord de Paris sur le climat et présenté, en avril, un plan de réduction de ses émissions nationales de 50 à 52 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005. Reste à faire adopter le programme d’investissement par le Congrès, ce qui est loin d’être gagné.
La Chine, premier émetteur mondial, revendique elle aussi un statut de puissance climatique. Pékin s’est engagé à la neutralité carbone d’ici à 2060 et à atteindre un pic des émissions de CO2 avant 2030, mais n’a toujours pas traduit ces promesses dans un nouveau plan. Le mois dernier, il a annoncé la fin du financement des centrales au charbon à l’étranger, tout en refusant de se lier les mains dans des engagements plus substantiels sur ses propres centrales. Près de 60 % de l’économie chinoise sont alimentés par les énergies fossiles et les autorités chinoises viennent de demander aux mines de renforcer leur production face à la crise énergétique.
Bataille pour le partage des opportunités économiques
- « Avec la neutralité climatique comme nouvel horizon, les grandes puissances misent désormais sur les industries vertes », analyse Carole Mathieu, chercheuse au Centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales (Ifri). « Une bataille sur le partage des opportunités économiques créées par la transition bas carbone s’ajoute désormais à la bataille sur le partage de l’effort de réduction des émissions. »
Les États-Unis et l’Europe cherchent à sortir de la dépendance vis-à-vis de la Chine, qui domine l’offre et la demande mondiale des technologies bas carbone comme le photovoltaïque et les batteries.
Autre défi pour l’Europe, la sécurisation de ses approvisionnements en matières premières, un des principaux facteurs de coûts dans le domaine des batteries. « Les opérateurs chinois ont investi massivement dans le développement de nouvelles capacités d’extraction, en République démocratique du Congo pour le cobalt, aux Philippines pour le nickel ou encore au Chili pour le lithium », souligne Carole Mathieu.
Contenir les émissions importées
La réduction des émissions associées aux importations, défendue par l’Europe, est perçue comme une forme de protectionnisme déguisé. La proposition européenne d’ajustement carbone aux frontières a suscité une levée de boucliers de la Chine, du Brésil, de l’Afrique du Sud et de l’Inde.
- « Faute d’une discussion sur les règles du jeu dans un cadre multilatéral, soutient Carole Mathieu, le risque existe de basculer dans une logique de confrontation. »
De leur côté, les pays en développement réclament une aide accrue pour baisser leurs émissions et développer les énergies renouvelables.
La flambée des prix du pétrole et du gaz depuis le mois d’août risque de rendre les économies émergentes plus réticentes à abandonner le charbon. Un prix de l’énergie générateur d’inflation et de baisse du pouvoir d’achat minerait également l’acceptabilité politique et sociale de la transformation énergétique.
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