Conflit Israël - Hamas: pourquoi Emmanuel Macron s'est-il rendu en Jordanie?
FOCUS - Emmanuel Macron s'est entretenu le 25 octobre avec Abdallah II, le roi de Jordanie, pays clé dans la résolution du conflit Israël et le groupe islamiste palestinien.
Un voyage présidentiel lourd d’enjeux diplomatiques. Après Israël et la Cisjordanie, le président français Emmanuel Macron s’est rendu à Amman (Jordanie) au matin du 25 octobre pour s’entretenir avec le roi de Jordanie Abdallah II, avant de s’envoler vers l’Égypte pour y rencontrer le président Al-Sissi au Caire.
19 jours après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël, les chefs d’État français et jordaniens devaient discuter de la réactivation du «processus politique» en vue d’une solution à deux États (Israël-Palestine), ligne défendue de longue date par Paris et Amman. L’occasion pour la Jordanie, État clé dans les enjeux géopolitiques de cette région, de mettre à nouveau en lumière son rôle dans la diplomatie explosive du Proche-Orient.
Risque de déstabilisation en Jordanie
La visite du président français dans le royaume hachémite s’explique d’abord par l’histoire des relations entre les deux pays. «La France a traditionnellement des relations solides avec la Jordanie», explique Denis Bauchard, diplomate et ex-ambassadeur en Jordanie, «le roi Hussein et son fils Abdallah II sont venus plusieurs fois en France.» Emmanuel Macron a donc tout intérêt à renforcer ses liens avec le royaume.
En clair, ajoute Jean-Loup Samaan, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (IFRI), «la visite française en Jordanie donne un atour politique au voyage présidentiel. Avec l’Égypte , la France traite des questions humanitaires, de la protection des Gazaouis. Avec la Jordanie, le président discute directement des solutions pour régler le conflit.»
Et ce pour plusieurs raisons. D’abord, la Jordanie est un État dont la survie est importante pour la sécurité d’Israël. «Si la Jordanie venait à s’effondrer, et que le gouvernement en place était repris par des forces islamistes hostiles à l’Occident, Israël aurait à sa porte un gouvernement foncièrement hostile», poursuit Denis Bauchard. Un scénario crédible, alors que la Jordanie est travaillée par la montée de l’influence des Frères musulmans, et qu’une majorité de Jordaniens, d’origine palestinienne, soutient le Hamas. En 1948, l’exode des Palestiniens suite à la création de l’État hébreu et à la guerre israélo-arabe ont poussé des centaines de milliers de personnes à venir vivre en Jordanie, lors de la «Nakba», la «catastrophe» en arabe. Depuis, «ces individus d’origine palestinienne ont la nationalité jordanienne, et sont intégrés à la vie politique et économique du pays», poursuit Denis Bauchard, et la Jordanie a été dirigée par des ministres palestiniens.
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L’espoir d’une solution à deux États
En conséquence, «la Jordanie travaille activement à un retour à la paix», argue Jean-Loup Samaan. Le roi de Jordanie plaide pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza, et la mise en place de corridors humanitaires pour venir en aide aux Gazaouis. Là encore, la Jordanie marche sur un fil entre la défense des Palestiniens et la continuité des relations avec l’État hébreu, soutenu par l’Occident. Les relations entre Amman et Israël sont «plutôt stables sur le plan de la diplomatie et de la sécurité», continue le chercheur, «mais les échanges économiques sont très limités». La Jordanie reproche à Benyamin Netanyahou d’avoir marginalisé la question palestinienne. Pour le pays, le gouvernement de Netanyahou a donc une responsabilité certaine dans le conflit actuel.
Concrètement, si elle venait à dégénérer encore davantage, cette guerre aurait une «incidence directe» sur la stabilité intérieure jordanienne, car «la Jordanie récuse l’idée qu’elle puisse être le futur État palestinien», expose Denis Bauchard. Cette idée avait été évoquée à plusieurs reprises en Israël par les gouvernements successifs, qui souhaitaient voir partir tous les Palestiniens en Jordanie. Le royaume hachémite défend alors une ligne politique claire : celle d'une «solution à deux États» pour Israël et la Palestine.
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Lire l'article intégral dans le Figaro
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