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Comment Vladimir Poutine maintient la pression sur la Pologne et les pays baltes

Interventions médiatiques |

cité par Lucile Descamps et Robin Korda dans

  Le Parisien
Accroche

La Russie multiplie les provocations contre Varsovie. En début de semaine, un missile a survolé pendant quelques secondes l’espace aérien polonais. Le président russe est aussi coutumier des mises en garde à l’égard des dirigeants de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie.

Contenu intervention médiatique

L’ombre de Vladimir Poutine s’étend sur l’est de l’Europe. Pendant 39 secondes, dimanche 24 mars, un missile de croisière tiré depuis la Russie a pénétré dans l’espace aérien polonais, selon Varsovie. L’Otan a très vite réagi… par les mots. Son secrétaire général, Jens Stoltenberg, s’est entretenu avec le ministre des Affaires étrangères polonais et les États-Unis ont réitéré leur "engagement" envers l’alliance "et la sécurité" de ses membres.

Difficile d’en faire plus face aux provocations russes. Même si les menaces s’intensifient, "on reste sous le niveau qui peut entraîner une réaction de l’Otan, et Moscou le sait", analyse Amélie Zima, docteure en sciences politiques et autrice de L’Otan dans la collection "Que sais-je ?" (Puf).

Envisager d’abattre les missiles lorsqu’ils s’approchent des frontières de l’alliance nécessiterait d’obtenir "l’accord de la partie ukrainienne" et de "prendre en compte les conséquences internationales", avait tempéré Varsovie, assurant tout de même que cette piste était à l’étude.

 

Les pays baltes en étau

En décembre dernier, déjà, un missile russe est entré dans l’espace aérien polonais pendant quelques minutes et un autre est tombé dans le pays fin 2022 mais n’a été retrouvé que quelques mois plus tard. Les incidents ont augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine, mais la Russie était déjà, avant cela, "coutumière des violations des espaces aériens et des pratiques non autorisées, comme des vols sans transpondeur, dans la zone balte ou en Europe centrale", rappelle Amélie Zima.

Et Moscou n’use pas seulement de la force pour tenter de déstabiliser ses voisins. Jeudi, la Pologne a annoncé des opérations contre un réseau d’espionnage russe qui visait, entre autres, à "affaiblir la position de la Pologne sur la scène internationale", d’après les services de renseignement.

L’Estonie, la Lettonie et la Lituanie vivent encore un peu plus directement au rythme des menaces du président russe. Pris en étau par la Russie à l’est, la Biélorussie au sud et, à l’ouest, l’enclave russe de Kaliningrad, les pays baltes sont cernés. L’URSS les a occupés pendant près de cinquante ans. Une minorité russe y réside toujours.

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Un accord pour construire une ligne de défense commune

En 2014, un vent de panique souffle, déjà, sur les frontières baltes. Moscou annexe la Crimée. Vladimir Poutine aurait alors menacé d’envahir non seulement toute l’Ukraine, mais aussi l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie, rapportait le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. L’Otan met dès lors en place sa mission de "réassurance".

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’alliance a renforcé sa police du ciel, multipliant les patrouilles grâce à plus d’aéronefs. Fin janvier 2024, Riga, Vilnius et Tallinn ont conclu un accord pour construire une ligne de défense commune.

"Il existe une vraie menace pour ces pays", assure Dimitri Minic, chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri). "Elle n’est pas forcément imminente : la Russie se concentre pour l’heure sur la guerre en Ukraine, qui absorbe ses ressources humaines et matérielles".

Interviewé par le journaliste américain Tucker Carlson, début février, Vladimir Poutine avait réfuté toute velléité d’invasion "en Pologne, en Lettonie ou ailleurs". Il n’empêche. L’ancien lieutenant-colonel du KGB, les services secrets soviétiques, ne déteste rien tant que la présence de l’alliance à ses portes.

"Un objectif a toujours été constant, en URSS, puis en Russie, c’est de maîtriser le Vieux Continent, et d’avoir même un droit de regard et une influence sur sa partie occidentale", avance Dimitri Minic.

Les élites politico-militaires russes, ajoute-t-il, "ont le sentiment que leur pays est surpuissant, inarrêtable et, en même temps, au bord de l’effondrement. Et qu’ils doivent donc être proactifs pour le sauver". Jusqu’en dehors de ses frontières.

 

> Lire l'article dans son intégralité sur le site du Parisien.

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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri