Un résultat historique. Si ce sont bien les conservateurs CDU/CSU qui sont arrivés en tête des élections législatives allemandes ce dimanche, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a créé un séisme outre-Rhin. Arrivé deuxième, le parti d’extrême droite mené par Alice Weidel a réussi le meilleur score de son histoire, devenant la deuxième force du pays en récoltant 20,8 % des suffrages.

« Nous n'avons jamais été aussi forts au niveau national », jubilait dans la soirée la femme politique de 46 ans, constatant que sa formation avait réussi à accumuler deux fois plus de points qu'il y a quatre ans lors des dernières législatives (10,3 % en 2021). Créé en 2013 par des professeurs d'économie eurosceptiques dans le cadre de la crise de la dette, l'AfD a rapidement dérivé idéologiquement, jusqu'à devenir le parti de la « remigration ».

[...]

Danses TikTok et aide d'Elon Musk 

Si l'AfD est à ce point plébiscité par les jeunes allemands, il le doit en partie à sa présence impressionnante sur les réseaux sociaux. « L'AfD a fait de très bons choix stratégiques, confirme Jeanette Süß, chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Ils peuvent s'appuyer sur un travail très vaste et très moderne au niveau des réseaux sociaux. L'AfD a massivement investi dans ce domaine ». Et plus particulièrement sur TikTok, également investi en France par l'extrême droite. 

[...]

D'autant que l'AfD a bénéficié d'une aide non négligeable en ce qui concerne le réseau social X (anciennement Twitter) puisque son propriétaire, le milliardaire américain Elon Musk et soutien de Donald Trump, a publiquement apporté son soutien au parti à de nombreuses reprises, intervenant notamment par visio au cours d'un meeting électoral . « Quand on regarde les études qui ont été faites, on s'aperçoit que l'onglet "Pour vous" de X a favorisé l'extrême droite, en mettant en avant des contenus la concernant via l'algorithme, explique Paul Maurice, chercheur au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Institut français des relations internationales (Ifri). C'est une ingérence de la plateforme X en Allemagne ».

« Les jeunes ont besoin de sortir du consensus des aînés » 

Un facteur de taille, mais pas le seul pour expliquer le raz de marée de l'extrême droite chez les jeunes générations, puisque le terreau y est de plus en plus fertile pour l'AfD depuis plusieurs mois. 

La volonté de rupture est claire : « Les jeunes ont besoin de radicalité, estime Paul Maurice. C'est quelque chose que l'on retrouve chez l'AfD, mais aussi à gauche, avec les bons résultats de Die Linke. Dans les deux cas, c'est un besoin de radicalité sur les sujets qui les préoccupent au quotidien. C'est quelque chose d'époque : les jeunes ont besoin de sortir du consensus des aînés, de s'opposer à ce qu'il y avait avant ».

Une rupture générationnelle consommée

Un point du débat loin d'être anodin, encore plus en Allemagne, où le traitement de l'extrême droite dans l'échiquier politique est rendu encore plus épineux qu'ailleurs en raison des mémoires de la Seconde Guerre mondiale. 

[...]

Cet article est paru dans Le Parisien (site web). Réservé aux abonnés.