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Comment améliorer la lutte contre le djihadisme au Sahel ?

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interviewé par Pierre Cochez pour 

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Jadis un sanctuaire, le Burkina Faso, où les forces spéciales françaises ont libéré quatre otages vendredi 10 mai, est devenu un grand carrefour des groupes djihadistes qui y opèrent avec une facilité déconcertante. Les régions du nord et de l’est du pays, proches du nord du Mali, sont devenues d’immenses no man’s land. Pour combattre l’extension du djihadisme, les pays du Sahel - Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad - se sont réunis au sein d'un G5.

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Ce sont les pays du Sahel eux-mêmes qui ont eu l'initiative d’un G5 pour combattre le djihadisme, un phénomène transnational. On met l’accent sur l’aspect militaire de ce G5, en oubliant que ces pays se sont aussi mis d’accord sur un plan d’investissement prioritaire qui définit des projets, centrés sur les régions frontalières, dans les domaines militaires, certes, mais aussi de la gouvernance et des infrastructures. C’est ce retour de l’État, sur le terrain, qui est décisif.

Une école militaire commune a été ouverte en septembre dernier à Nouakchott en Mauritanie. Une école de police régionale va être créée à N’Djamena, au Tchad. Les armées des cinq pays ont l’autorisation d’entrer sur 50 km dans le territoire de leurs voisins. Une plateforme sécurisée de renseignements, en lien avec Interpol, est en train d’être montée. Sur le plan des opérations militaires, un rude coup a été porté au G5 en juin quand son quartier général (QG) de Sévaré au Mali a été attaqué. Depuis, peu d’opérations conjointes ont eu lieu. Chaque pays du G5 a sa propre trajectoire. Le Burkina Faso connaît depuis deux ans une dégradation sécuritaire spectaculaire. L’ancien président Biaise Compaoré avait des conseillers connectés directement aux djihadistes du nord du Mali. Le pouvoir actuel n’a pas ces clés et a démantelé certains régiments de l’armée, utiles dans cette lutte, mais suspectés d’être fidèles à l’ancien président.

Au Mali, touché dès 2012 par le terrorisme, l’armée a été vaincue par les djihadistes et tarde à se reconstruire. Le degré de corruption du pays est invraisemblable, et on observe une sorte de paresse à prendre en charge les problématiques du nord et du centre du pays. Les djihadistes recrutent sur l’incapacité et la corruption de la justice malienne. L’attitude du Niger est différente. L’État fait face au problème avec son armée. Mais le pays ne se contente pas de combattre les terroristes. Il a créé une Haute Autorité à la consolidation de la paix qui veut offrir des perspectives aux populations des zones en crise. Le Niger a pris conscience que l’État doit être présent pour assurer la justice et l’encadrement des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs.

La Mauritanie est un exemple de réussite. Depuis 2011, le pays n’a pas connu d’acte violent, alors que sa frontière avec le Mali est immense. Après avoir été tou chée au début des années 2000  par le terrorisme, elle a remis à niveau son armée, créé des unités spécifiques pour la garde de ses frontières. L’État a mobilisé les autorités religieuses pour qu’elles aillent dans les prisons démonter l’argumentaire salafiste. Depuis 2011, le pays n’a pas connu d’acte violent, alors que sa frontière avec le Mali est immense.

Enfin, le Tchad avec plus de 30 000 hommes possède l’armée la plus puissante de la région. Elle veille avec efficacité sur ses frontières. Le pouvoir - brutal et corrompu - sait qu’il joue son crédit international sur ce pouvoir sécuritaire. 

Propos recueillis par Pierre Cochez.

Consulter l'article sur le site de La Croix.

 

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Alain Antil

Alain ANTIL

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Directeur du Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri

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