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Cinq ans après la fermeture de la jungle de Calais, les traversées de la Manche ont bondi

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Alors que le nombre de traversées de la Manche en petits bateaux a augmenté, la question migratoire tend les relations entre Paris et Londres qui durcit le ton. 

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Cinq ans après le démantèlement de la jungle de "Calais", le constat est sans appel : le nombre de traversées de la Manche a explosé. Alors que Paris renforce les mesures de sécurité dans le Nord du pays, le gouvernement de Boris Johnson soupire. Il estime que son voisin n'en fait pas assez pour contenir ces personnes qui risquent leur vie pour se rendre au Royaume-Uni. Ces derniers jours, Londres a de nouveau serré la vis avec un projet de loi visant à criminaliser les traversées de la Manche. L'objectif étant que les demandeurs d'asile qui arriveront de façon irrégulière disposent de moins de droits et de possibilités de recours que ceux passés par les voies légales (demandes d'asile dans les consulats à l'étranger, etc.) À noter que la surveillance des frontières entre la France et son voisin britannique est régie par l'accord bilatéral du Touquet signé en 2003.  

Depuis quatre ans, le nombre de traversées ne cesse d'augmenter. Les chiffres de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord confirment cette tendance à la hausse : en 2018, celle-ci avait compté 600 tentatives de traversées en "small boats" et 2 299 en 2019. A tire de comparaison, ils étaient plus de 18 0000 depuis le début de l'année, soit deux fois plus qu'en 2020 (une même personne peut être comptabilisée plusieurs fois si elle participe à plusieurs tentatives). Mais derrière cette situation qui abîme chaque jour un peu plus les relations franco-britanniques, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette ruée vers la Manche.

Davantage d'hommes et de femmes décident de faire la traversée car "face à la sécurisation renforcée, il n'y a pas d'autres passages possibles pour se rendre au Royaume-Uni", résumait dans L'Express Matthieu Tardis, chercheur à l'Institut français des relations internationales et spécialiste des migrations. 

D'autant que le Brexit a restreint le regroupement familial dont pouvaient bénéficier certains mineurs non accompagnés - qui ont donc moins de possibilités de traverser la Manche de façon légale. "L'accord négocié entre le Royaume-Uni et l'Union européenne ne comporte aucune disposition sur les sujets d'asile et d'immigration. Avant, il existait le règlement européen "Dublin III", qui permettait notamment à des mineurs isolés de rejoindre leurs proches outre-Manche et de façon sûre et légale", rappelait à L'Express Agathe Battistoni, responsable plaidoyer de l'ONG Safe Passage France. Malgré le démantèlement de la jungle, le nombre de personnes vivant dans des conditions précaires à Calais reste élevé." Environ 2000 personnes, dont au moins 300 enfants non accompagnés, vivaient dans des campements à Calais et ses alentours à la mi-2021, d'après les associations humanitaires", rapporte l'ONG Human Rights Watch.  

A Calais, des expulsions de routine "environ un jour sur deux"

"Le démantèlement de la jungle n'a strictement rien réglé", juge sur Franceinfo, Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po et spécialiste des questions européennes et du Royaume-Uni. Dans son dernier rapport d'activité annuel, le Cross (centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) de Gris-Nez souligne que les traversées sur la Manche sont devenues "un phénomène structurel, amené à durer." En parallèle, les forces de l'ordre ont de plus en plus de difficultés à contrôler le littoral - qui s'étend du Nord jusqu'à la Haute-Normandie - car les exilés sont davantage répartis sur le territoire. Résultat de la stratégie du "zéro point de fixation" décidée par le gouvernement qui se traduit par des démantèlements réguliers. "Au cours de l'année 2020 et de la première moitié de 2021, la police a soumis la plupart des campements de Calais à ces expulsions de routine environ un jour sur deux.  

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Matthieu TARDIS

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Ancien responsable du Centre migrations et citoyennetés de l'Ifri