Cette puissance qui ne veut plus diriger le monde
Dans son dernier ouvrage, Laurence Nardon rappelle les lignes de fracture qui traversent depuis toujours la politique étrangère américaine.
« Les États-Unis ont-ils renoncé au leadership ? » C'est par cette question provocatrice mais réaliste que Laurence Nardon, directrice à l'Institut français des relations internationales (Ifri), entame sa « Géopolitique de la puissance américaine ».
Constatant que la première puissance mondiale fait face à un triple défi avec les ambitions territoriales de la Chine, le terrorisme islamiste et le bellicisme russe, l'auteure rappelle les lignes de fracture qui traversent depuis toujours sa politique étrangère : sens de la responsabilité morale ou pragmatisme, interventionnisme ou abstentionnisme, libre échange ou protectionnisme. Bien qu'ils en aient les moyens, « il est difficile d'imaginer que les Etats-Unis soient prêts aujourd'hui à s'investir militairement sur trois fronts », analyse Laurence Nardon.
Pour la géopolitologue qui se place dans le temps long, depuis les années 1890, le retrait américain du monde, antérieur au premier mandat de Trump, dessine, si celui-ci est réélu, des « perspectives amères » pour l'Europe dès 2025.
« Si le soft power américain triomphe dans la sphère du divertissement et des débats de société, le modèle démocratique des Etats-Unis est, quant à lui, fragilisé par la polarisation, les blocages et les désordres de la politique intérieure. La perte d'autorité morale qui en résulte constitue sans conteste l'une des limites principales de leur puissance aujourd'hui. », Laurence Nardon.
Géopolitique de la puissance américaine, Laurence Nardon, Puf, 194 pages.
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