En invalidant ce transfert, les juges constitutionnels n’obligent pas seulement le gouvernement à combler un trou de 60 milliards dans le budget, mais remettent aussi en cause un instrument central de sa politique d’investissement.

C'est une période de crise qui s'ouvre pour la coalition de partis au pouvoir. Cette dernière a annoncé reporter à une date indéterminée les discussions portant sur le budget. La décision de la Cour constitutionnelle cristallise ainsi des divergences relativement masquées jusqu’ici. L'incertitude règne sur les stratégies à adopter : outre-Rhin, la politique d'emprunt va-t-elle devenir plus conciliante, ou au contraire, pousser à l’orthodoxie ?

Un moment de vérité pour la coalition feu tricolore, dont la créativité budgétaire avait permis de masquer le hiatus entre les objectifs poursuivis par les 3 partenaires.
Confronté à la question de la pertinence de la règle du frein à la dette dans une période de transition économique et d’incertitude géopolitique, Berlin doit admettre que la stricte discipline budgétaire n’est pas une fin en soi et qu’une attitude trop rigide contribuerait non seulement à brider les investissements nécessaires pour préserver la compétitivité du pays mais aussi à fragiliser le marché intérieur, souligne Eric André Martin.

Avec :

Elisa Goudin-Steinmann, maîtresse de conférences en études germaniques à la Sorbonne Nouvelle et co-rédactrice du blog 'Regards sur la RDA et l’Allemagne de l’Est'

Eric-André Martin, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri, spécialiste de la politique européenne et des relations internationales de l’Union européenne

• Voir la publication de Eric-André Martin, "La fin d’une parenthèse heureuse. Comment la guerre d’Ukraine contraint l’Allemagne à repenser son modèle", Notes du Cerfa, septembre 2023.

> Ecouter le podcast de l'émission sur France Culture