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Au Mozambique, le lourd pari de Total sur un eldorado gazier

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cité par Claire Bargelès dans

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Au nord du pays, Total porte un mégaprojet de gaz naturel liquéfié en plein coeur d'une région où les mouvements djihadistes sèment la terreur depuis trois ans. Une opération délicate dans un pays où les institutions restent fragiles.

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Ses plages de sable blanc, ses palmiers et son eau cristalline auraient pu faire de la région du Cabo Delgado, au nord du Mozambique, un paradis sur terre, idyllique pour le tourisme. Mais depuis le début des années 2010, les découvertes de gigantesques gisements gaziers off shore - près de 5.000 milliards de mètres cubes - ont attiré les convoitises, et font depuis briller les yeux des grandes compagnies d'extraction, à l'image de Total, ExxonMobil et ENI. 

« Ces découvertes au large de la province sont à peu près du même niveau que celles du Nigeria, qui était jusqu'alors le pays où il y avait les plus grosses réserves de gaz d'Afrique. Donc, c'est absolument énorme », détaille Benjamin Augé, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et auteur d'un rapport sur le sujet. « Le Mozambique va devenir l'un des plus gros hubs gaziers du monde », précise-t-il.

« On s'achemine au Mozambique vers une façon de travailler similaire à celle de la zone pétrolière du delta du Niger au Nigeria, où l'insécurité est également très importante », prédit Benjamin Augé. Pour le chercheur de l'Ifri, « les compagnies pétrolières devront ainsi avoir recours à d'importants moyens auprès des sociétés de sécurité privées qui travailleront en coordination avec l'armée mozambicaine, qui sera elle-même associée à la sécurisation des sites sensibles. »

Manne financière

Pour le gouvernement, ces projets constituent une manne financière inespérée, alors que le Mozambique figure parmi les 10 pays ayant le plus faible PIB par habitant du monde, selon la Banque mondiale. Le président Filipe Nyusi a estimé que le seul projet Mozambique LNG pourrait créer 5.000 emplois directs et 45.000 emplois indirects. Le rêve de voir émerger le nouveau « Qatar de l'Afrique » est aussi encouragé par le FMI : dans un rapport publié avant la crise du Covid-19, l'institution prévoyait un boom du PIB en 2024, et « des exportations de gaz qui pourraient générer d'importants revenus fiscaux, que le gouvernement pourrait utiliser pour développer ses infrastructures et adresser d'autres besoins sociaux, favoriser le développement économique et réduire drastiquement la pauvreté ».

A condition toutefois que les ressources soient bien gérées. Or, c'est là que réside tout le problème, selon Benjamin Augé : 

« Pour le moment, tout est à peu près fait pour que ce soit une catastrophe en termes de gouvernance, et en termes de cadre juridique. Le Frelimo, le parti au pouvoir, est rendu encore plus fort par ces découvertes de gaz, et se permet tout, donc la gestion des revenus risque d'être peu transparente. »

 > Lire l'intégralité de l'article sur le site du journal Les Echos

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Benjamin AUGÉ

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