« Attention à l’enthousiasme des débuts » : le couple franco-allemand est-il de retour ?
Les bons rapports entre le futur chancelier allemand et Emmanuel Macron, font espérer que le tandem Paris-Berlin redevienne la locomotive politique d’une Europe bousculée par le contexte international. Des sujets de dissensions devront néanmoins être dépassés.
Dans un climat international orageux du fait, notamment, des outrances de Donald Trump et de la menace russe, le tandem franco-allemand est-il en passe de redevenir le moteur de l’Union européenne (UE) ? C’est le grand espoir à Bruxelles, alors qu’Emmanuel Macron et le futur chancelier conservateur Friedrich Merz, qui a présenté cette semaine l’accord de sa coalition gouvernementale, ont déjà noué une excellente relation.
Ce francophile de 69 ans, sur le bureau duquel trône une photo en noir et blanc de Konrad Adenauer et du général de Gaulle, se dit en effet « très proche » d’Emmanuel Macron, à qui il accordera, comme il est de tradition, sa première visite à l’étranger, le jour ou le lendemain de son intronisation, début mai. « Ce sera a priori le 6 ou le 7 mai, et nous dévoilerons un agenda de projets communs en matière de compétitivité, d’industrie, de sécurité, d’énergie, que le couple portera au niveau européen. L’idée est d’envoyer un message très fort à nos partenaires européens, ainsi qu’à l’international », pitche-t-on au Quai d’Orsay.
« Une culture commune »
Macron - Merz, un nouveau duo pour porter l’Europe ? À Paris, on loue en tout cas une « vraie affinité sur le plan humain : en raison d’une certaine culture commune de l’entreprise, chacun ayant travaillé dans le privé, et de leur vision partagée d’un moteur franco-allemand indispensable à l’Europe ».
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« Friedrich Merz ressemble davantage à Macron, ce sont deux fortes personnalités un peu similaires : il n’est pas exclu que ça vire un jour au combat de coq, mais enfin, pour le moment tous les échos font état d’une certaine alchimie qui s’est créée au fil de leurs rencontres des dernières semaines, à Berlin, Paris, ou Bruxelles », confirme Jeanette Süß, experte des relations franco-allemandes à l’Institut français de relations internationales (Ifri).
Chercheuse, Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri
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Un grand emprunt européen ?
Pour autant, se rangera-t-il derrière l’idée française d’un grand emprunt commun des Vingt-Sept pour investir ensemble dans l’armement ? Merz a, jus qu’ici, soigneusement évité de trancher publiquement cette question clé.
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« Il n’en est en tout cas pas question de cet emprunt dans le contrat de coalition allemand, où on insiste en revanche sur le respect des règles européennes en matière d’endettement, ce qui peut être vu comme une petite piqûre de rappel pour la France, dont les finances publiques sont largement hors des clous », analyse pour sa part Jeanette Süß.
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En somme, Emmanuel Macron et Friedrich Merz auront fort à faire pour éviter que l’idylle ne tourne court. Car chacun sait parmi les États membres que lorsque cela ne fonctionne pas entre Paris et Berlin, ça ne peut pas marcher entre les 27.
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Jeanette SÜẞ
Chercheuse, Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri
